Les chiffres révélés par Le Canard enchaîné, mercredi 10 août, sur le nombre de femmes qui ont consommé de la Dépakine – un antiépileptique du laboratoire Sanofi – pendant leur grossesse donnent le vertige. Selon l’hebdomadaire satirique, qui s’appuie sur une étude menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAMTS), près de 10 000 femmes enceintes ont pris du valproate de sodium entre 2007 et 2014.
Ce chiffre n’a pas été confirmé par le ministère de la santé. Les services de Marisol Touraine ont toutefois précisé que le premier volet de l’étude serait présenté le 24 août à l’association des victimes de ce médicament, l’Apesac (Aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant).
Lorsque l’on connaît le pourcentage de malformations (10 % des naissances touchées) et de troubles du développement chez les enfants (entre 30 % et 40 % d’entre eux) qui seraient liés à la prise de ce médicament commercialisé depuis 1967, ces révélations sont alarmantes. Les enfants victimes des effets secondaires de cet antiépileptique pourraient se compter par centaines, voire par milliers.
Des risques connus depuis longtemps
Les risques liés à la prise de ce médicament par les femmes enceintes sont pourtant connus depuis longtemps. Les malformations congénitales ont commencé à être détectées dans les années 1980. L’impact sur le développement a été repéré, lui, plus tardivement, au détour des années 2000.
Sanofi assure avoir alerté les autorités en 2003 pour demander une modification de la notice d’information aux médecins (c’est-à-dire via la publication dans le Vidal) et aux malades (via le mode d’emploi). Mais il faudra attendre trois ans pour que cette notice – précisant que la prise de valproate de sodium est incompatible avec une grossesse – soit modifiée, explique au Monde un haut cadre de l’ANSM.
Que s’est-il passé entre 2003 et 2006 ? « Pendant trois ans, ni les autorités, ni Sanofi n’ont pris la (...)
Articles en Relation
« Je préfère ne pas en parler » : le tabou des avortements en dépassement de dél...
Image de Freepik
Image de jcomp sur Freepik
« Je préfère ne pas en parler » : le tabou des avortements en dépassement de délais
Sophie...