Après l’accord conclu entre l’UE et l’union sud-américaine, l’ancien ministre de la transition écologique estime que « le libre-échange est à l’origine de toutes les problématiques écologiques ».
La Commission européenne a conclu, vendredi 28 juin, un vaste accord commercial avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay). L’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qui avait démissionné de son poste fin août 2018, estime que cet accord est « incohérent » avec les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.
Pour le président Emmanuel Macron, l’accord commercial conclu entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur est « bon, à ce stade ». Partagez-vous ce jugement ?
Je ne comprends pas qu’on puisse en l’état signer cet accord. Ce type de décision politique montre qu’on n’a aucune approche systémique, globale de la lutte climatique. On est très loin de la cohérence. Cet accord est complètement antinomique avec nos ambitions affichées et, surtout, avec la réalité de ce qu’il faut faire.
D’une part, cela crée des doutes sur les intentions et les déclarations politiques, au vu de la réalité des pratiques ; et on voit les conséquences quand les doutes sur l’action politique grandissent. D’autre part, on laisse un président, Jair Bolsonaro, saccager la forêt amazonienne, sans laquelle on n’a aucune chance de gagner la bataille climatique. Elle représente à elle seule dix années d’émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cela n’était pas parfait avec les gouvernements brésiliens précédents, mais là c’est la curée.
Par ailleurs, on s’indiffère d’exactions multiples et répétées contre les Indiens d’Amazonie puisqu’on laisse les nervis des forestiers, des miniers et des pétroliers agir sans se soucier de ces populations et de leurs droits. Cela parachève une forme de génocide au fil de l’histoire des Indiens.
Je ne vois pas comment on peut, sur un enjeu universel, signer un accord avec un pays qui bafoue, à ce point, ces objectifs. Cela prouve qu’on n’a pas pris la mesure des choses et, surtout, qu’on est loin d’être dans la cohérence.
Comment jugez-vous la diplomatie française ?
Notre diplomatie devrait être prioritairement écologique et une diplomatie des droits de l’homme et accessoirement ou corollairement une diplomatie économique. On se tire une balle dans le pied puisque dans le même temps, on décourage nos agriculteurs qui sont déjà sur la corde raide. On exonère les pays importateurs des efforts que l’on demande à nos propres agriculteurs.culteurs.
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