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Avec 8,7 % de la population active, le taux de chômage a retrouvé le même niveau qu’il y a dix ans. Ces bons chiffres cachent toutefois de profondes inégalités géographiques.

Depuis la mi-2015, le chômage a diminué en France, pour retrouver au premier trimestre, à un dixième de point près, le niveau qui était le sien, il y a dix ans – soit 8,7 % de la population active. Une tendance positive, induite par la reprise de la croissance, en particulier en 2017 (+ 2,4 %). En métropole, le reflux a été quasi général durant les deux dernières années, avec des baisses relativement marquées notamment dans le Nord-Est et en Corse.

Cette amélioration ne peut cependant faire oublier les profondes disparités qui existent d’un point à un autre de l’Hexagone, certaines zones étant très proches du plein-emploi – à l’image des Herbiers (Vendée) et de ses environs, où le taux de chômage est deux fois plus faible que la moyenne nationale (4,4 %). A l’autre extrême, il y a plusieurs bassins de vie, principalement situés dans les Hauts-de-France et sur le pourtour méditerranéen, où les personnes privées d’activité se comptent par milliers – le record (en métropole) étant détenu par la zone d’emploi d’Agde-Pézenas (Hérault), avec 16,2 %. Si l’on resserre la focale à des échelons plus locaux, la situation est pire dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (24,7 % en 2017). Idem pour les outre-mer, notamment en Guadeloupe (23 % fin 2018), à La Réunion (24 %) ainsi qu’à Mayotte (plus de 30 %).

« Produit de l’histoire »

Ces pourcentages doivent être maniés avec précaution. D’abord, un taux de chômage faible n’est pas forcément synonyme de dynamisme. Exemples : la Lozère, ainsi que les agglomérations de Mauriac ou Saint-Flour (Cantal) et Rodez affichent des ratios très bas, mais la population active, le nombre d’emplois et le nombre d’actifs occupant un poste sont « quasiment tous [en recul] entre les recensements de 2010 et de 2015 », souligne une note publiée en septembre 2018 par la direction des études du ministère du travail, la Dares.

A l’inverse, une proportion élevée de demandeurs d’emploi ne signifie pas nécessairement que le territoire concerné s’enfonce dans le marasme. Ainsi, l’Hérault affiche un taux de chômage supérieur de quatre points à la moyenne métropolitaine mais ce département figure parmi ceux où les créations de postes dans le privé sont les plus vigoureuses depuis la mi-2017.

Les inégalités spatiales ne datent pas d’hier. Elles « sont souvent le produit de l’histoire », comme l’explique l’enquête de la Dares. Mais la crise de 2008 a contribué à les accentuer par endroits, en particulier dans le Midi et dans les vieux bastions industriels du Nord. Réduire les écarts implique de combiner des politiques nationales avec des actions plus décentralisées, dans une multitude de domaines : soutien à l’emploi, lutte contre les discriminations, formation professionnelle, développement des transports en commun et des aides à la mobilité, promotion d’une offre de logements à des prix accessibles… Une tâche de longue haleine.


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