La colossale éruption du Tambora survenue en Indonésie, le 5 avril 1815, aurait provoqué des pluies diluviennes en Europe, contribuant deux mois plus tard à la défaite de Napoléon à Waterloo. Des cendres crachées par le volcan seraient montées jusque dans la ionosphère, modifiant la couverture nuageuse de la Terre.
Au cours de la première moitié du XXe siècle, les volcans étaient encore considérés comme des manifestations spectaculaires de la nature, capables d'entraîner des catastrophes humaines comme celles de Pompéi ou de la montagne Pelée. Et finalement plutôt comme des épiphénomènes, comme l'a raconté Haroun Tazieff avant d'avoir trouvé son chemin de Damas suite à une éruption volcanique survenue en Afrique, à la fin des années 1940.
Nous savons aujourd'hui qu'il avait raison de considérer que le volcanisme était un phénomène fondamental de la vie de notre Planète bleue, comme l'a montré le développement de la théorie de la tectonique des plaques. On a découvert aussi que les éruptions volcaniques pouvaient changer le climat. L'exemple le plus récent à ce sujet concerne la fameuse éruption du Pinatubo, au début des années 1990. Le géologue et planétologue Matthew Genge de l'Imperial College London vient de publier un article dans Geology qui apporte de l'eau au moulin à ceux qui pensent que les éruptions volcaniques peuvent même changer l'histoire, comme cela s'est sans doute produit avec l'éruption de Santorin il y a presque 3.500 ans.
Un documentaire sur « l'année sans été » et l'éruption du Tambora. © Les Chemins du Docu
En l'occurrence, Genge pense qu'il a consolidé une hypothèse concernant la défaite de Napoléon à Waterloo le 18 juin 1815. Elle a certainement été facilitée par un temps anormalement pluvieux au cours de cette année de campagnes napoléoniennes. On avait remarqué que cette pluviosité atypique s'était produite après une éruption colossale en Indonésie, celle du Tambora le 5 avril 1815. Presque de la classe de celle d'un supervolcan, elle eut une puissance estimée à plus de dix mille fois les explosions nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki, faisant monter une colonne de cendres à plus de 30 kilomètres d'altitude.
L'éruption du Tambora, des famines et Waterloo en Europe...
Il n'y a pas de doute que cette éruption a été à l'origine de la fameuse « année sans été » de 1816, pendant laquelle des perturbations sévères du climat détruisirent les récoltes en Europe septentrionale, dans l'est du Canada et dans le nord-est des États-Unis, causant des famines, surtout en Suisse. On pense d'ailleurs que ce sont ces famines qui ont accéléré la conquête de l'Ouest, les fermiers tentant de survivre en se dirigeant vers des sols plus fertiles dans les plaines du Middle-West. Mais le Tambora pouvait-il vraiment avoir contribué à la défaite de Napoléon, changeant l'histoire européenne ?
Genge aurait fait une surprenante découverte. Le panache de cendres du Tambora n'aurait en fait pas culminé à une trentaine de kilomètres d'altitude comme on le pensait selon les lois géophysiques de l'atmosphère. Un paramètre important avait en effet été négligé : les charges électriques produites par les frottements entre les cendres, à l'origine d'éclairs bien visibles dans les panaches volcaniques (comme ceux filmés dans le panache de cendres du Grimsvötn).
Chargées et soumises à des forces électriques, des cendres porteuses d'ions de même signe que la charge totale du panache du Tambora auraient donc atteint l'ionosphère, alors que le panache aurait dû, sans ce phénomène, être bloqué par la force d'Archimède. Ces particules auraient provoqué dans cette couche de l'atmosphère des sortes de courts-circuits. Or, les ions influencent la formation des nuages et auraient, après l'avoir initialement affaiblie, augmenté la couverture nuageuse, notamment en Europe (la Chine a été touchée elle aussi), causant des pluies diluviennes.
La fin du règne de Napoléon pourrait donc bien avoir été en partie causée par une éruption volcanique de l'autre côté de la Planète. Cela laisse songeur...
- La colossale éruption du Tambora survenue en Indonésie le 5 avril 1815 aurait provoqué des pluies diluviennes en Europe quelques mois plus tard et certainement « l'année sans été », en 1816.
- Selon un géologue britannique, le panache de cendres aurait atteint l'ionosphère à 100 kilomètres de hauteur du fait de forces électrostatiques.
- En affectant l'ionosphère, ces cendres auraient perturbé la formation des nuages, finissant par l'amplifier en Europe.
- Les pluies diluviennes résultantes auraient aidé à la défaite de Napoléon.
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