Quand la nouvelle se répand dans la nuit du 19 juillet 2016, des villes de la grande banlieue parisienne s’embrasent : un jeune Noir serait mort lors de son arrestation. Un an plus tard, l’enquête sur la mort d’Adama Traoré se poursuit. Sa famille mène sans relâche le combat pour obtenir « vérité et justice ».
Pour la famille Traoré - 17 enfants dont Adama -, la dernière expertise médicale qui confirme un décès par asphyxie a clos les débats : le jeune homme est mort, selon eux, des suites d’un « plaquage ventral », la technique controversée qu’ont employée les gendarmes pour le maîtriser.
« Le mec il convulse pas, il est mort, il est en arrêt »
Une nouvelle expertise technique sur les enregistrements sonores des échanges du Samu, que L’Obs a pu consulter, apporte de nouvelles informations sur les circonstances du décès d’Adama Traoré. Les médecins venus lui porter secours à la gendarmerie n’auraient pas eu l'ensemble des informations leur permettant de tout mettre en œuvre pour le sauver. Les médecins affirment ainsi avoir été « envoyés sur un faux truc », avec un « bilan » ne correspondant pas à la réalité.
Ils se disent « un peu surpris là, en fait » de découvrir la victime en arrêt cardio-respiratoire, alors qu’ils ont seulement été informés (sans que l’on sache par qui) d’une « crise convulsive, durée trois minutes » avec « antécédent épilepsie ». Ainsi, Adama Traoré serait mort avant même l’arrivée des secours. « Ben nous non plus, et le mec il convulse pas, il est mort, il est en arrêt […] on sort pas pour ça, on sort pour une crise convulsive […] Ça change tout, voilà. Donc le contexte est un peu tendu parce que c’est une interpellation » (sic), dit le personnel du Samu présent à la gendarmerie lors d’un échange radio.
D’après une contre-expertise demandée par la famille d’Adama Traoré en juin, le jeune homme est bien mort par asphyxie. Ces conclusions contredisent les déclarations de l’ex-procureur de Pontoise, Yves Jannier, aujourd’hui avocat général près de la cour d’appel de Paris. Les deux experts qui ont réalisé cette contre-expertise affirment dans leurs conclusions qu’« aucun signe ne permet d’évoquer un état infectieux antérieur » chez la victime.
En un an, le jeune homme mort lors de son arrestation a été érigé en symbole de la lutte contre les « violences policières » et la stigmatisation des jeunes hommes des quartiers populaires.