Dans une étude pilote réalisée par l'université catholique de Louvain, les participants ont ingéré la bactérie intestinale Akkermansia pendant trois mois. Résultat : leurs facteurs de risque cardiovasculaire ont été réduits.
En France, d'après le ministère des Solidarités et de la Santé, les maladies cardiovasculaires représentent la deuxième cause de mortalité derrière les cancers. Elles sont même la première cause de décès chez les femmes. Environ 140.000 personnes décèdent chaque année des suites d'une maladie cardiovasculaire. En Belgique, d'après l'université catholique de Louvain, « une personne sur deux est en surpoids et présente des risques cardiovasculaires. » C'est pourquoi les chercheurs de cette université aimeraient trouver un moyen de limiter ce risque. Pourquoi pas avec une bactérie du microbiote ?
Akkermansia muciniphila est une bactérie intestinale qui, chez la souris, limite le risque d'obésité et de diabète de type 2. En 2017, l'université catholique de Louvain a montré, toujours chez la souris, que la forme pasteurisée de la bactérie est même plus efficace que la forme vivante pour limiter le risque cardiovasculaire. L'équipe a donc voulu tester la bactérie chez l'humain dans une étude pilote. Comme l'explique Patrice Cani dans la vidéo ci-dessous, cette bactérie est présente naturellement dans l'intestin, mais elle est moins abondante chez des personnes qui présentent des facteurs de risque cardiovasculaire.
Dans cette vidéo, Patrice Cani décrit les travaux menés par son équipe sur Akkermansia. © UCLouvain 2019, Youtube
Les 40 participants avaient tous des facteurs de risque cardiovasculaire comme : surpoids, obésité, pré-diabète de type 2 (résistance à l'insuline), syndrome métabolique. Ils ont été divisés en trois groupes : pendant trois mois, certains ont ingéré la bactérie vivante sous forme de complément alimentaire, d'autres ont pris la bactérie pasteurisée et un dernier groupe a eu un placebo ; 32 personnes ont terminé l'étude. La dose de bactéries ingérée était de 1010 d'Akkermansia muciniphila par jour.
Un complément alimentaire qui semble bien toléré
Il n'y a pas eu d'effet secondaire lié à la prise de la bactérie, vivante ou pasteurisée. Les chercheurs ont observé des résultats similaires à ceux obtenus chez la souris : la forme pasteurisée de la bactérie semblait la plus efficace.
Les volontaires qui ont eu le placebo ont vu leurs facteurs de risque cardiovasculaire continuer à s'aggraver, concernant par exemple le taux de cholestérol ou la résistance à l'insuline. Par rapport au placebo, ceux qui ont pris la bactérie pasteurisée ont eu une amélioration de leur sensibilité à l'insuline : le pré-diabète semblait ralenti dans sa progression. Ces volontaires ont aussi eu une baisse de leur taux de cholestérol sanguin. Ils ont également perdu un peu de poids (environ 2 kg).
Le saviez-vous ?
Les probiotiques sont des micro-organismes (bactéries, levures) vivants, bénéfiques pour la santé. La pasteurisation est un processus qui consiste à éliminer un grand nombre de bactéries, par exemple dans le lait, par chauffage. Akkermansia pasteurisée n'est pas un probiotique.
De plus, au bout de trois mois de complémentation, la bactérie a eu pour effet de réduire les marqueurs sanguins indiquant une inflammation et un mauvais fonctionnement du foie. Globalement, l'étude montre que l'ingestion de la bactérie est sans danger et améliore plusieurs facteurs métaboliques.
Ces résultats paraissent dans la revue Nature Medicine. L'université aimerait poursuivre ces recherches avec des tests cliniques de plus grande envergure. Elle envisage de commercialiser sa bactérie sous forme de complément alimentaire à partir de 2021.
- Akkermansia muciniphila est une bactérie intestinale qui réduit le risque de pré-diabète et d’obésité chez la souris.
- Dans une étude pilote, les participants, qui avaient des facteurs de risque cardiovasculaire, ont ingéré la bactérie vivante ou pasteurisée, pendant trois mois.
- La bactérie pasteurisée a limité le risque de pré-diabète et le taux de cholestérol sanguin.
Source : Maladies cardiovasculaires : une bactérie intestinale limite le risque