La ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a fustigé jeudi la proposition de François Fillon d'abaisser la majorité pénale à 16 ans. "François Fillon déjeune avec Nicolas Sarkozy, et il ressort avec les bonnes ficelles de Nicolas Sarkozy : en cas d'ennuis, faisons diversion", a commenté la ministre sur Radio Classique/Paris Première, au lendemain d'un rendez-vous entre le candidat Les Républicains, englué dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de sa famille, et l'ancien président.
"Pour faire diversion, il y a au choix les jeunes, les immigrés, les chômeurs, les fonctionnaires... Hier soir, c'est tombé sur les jeunes", a déploré la ministre, en référence à l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans proposé la veille par François Fillon, au motif, selon lui, que "les individus de 16 ou 17 ans profitent de la clémence du système". "C'est une faute" et "une méconnaissance de la justice pénale" a estimé la ministre, rappelant qu'"il y a déjà des mineurs en prison", des cas dans lesquels "les juges lèvent l'excuse de la minorité".
"C'est une méthode classique de la part de la droite dure que d'aller chercher sur le terrain du Front national des sujets de polémique", a jugé Mme Rossignol. "Or, dans cette élection, le deuxième tour va être (...) très particulier. Nous aurons besoin d'avoir face à Marine Le Pen un candidat qui peut rassembler (...) les Républicains" et qui peut "s'opposer, faire la différence avec" la candidate FN. "Il apparaît de jour en jour qu'il sera très difficile, au cas où (François Fillon) atteindrait le deuxième tour, d'être ce candidat", s'est inquiétée la ministre.