Parti le 8 avril de Singapour en direction de la péninsule coréenne en pleine montée des tensions entre Pyongyang et Washington, le porte-avions américain à propulsion nucléaire USS Carl Vinson devait arriver en mer de Corée vers le 15 avril. Il n'en fut rien. Le bâtiment militaire est en fait actuellement au large de l'Australie, à quelque 5.000 kilomètres de son objectif annoncé.
La semaine dernière, la crainte d'un conflit ouvert avec la Corée du Nord a alimenté la chronique. Nord-coréens et Américains ont multiplié les joutes verbales et ont exposé leurs muscles. Dans ce contexte, le président Donald Trump a annoncé le 12 avril sur Fox Business Network l'envoi d'une "armada" vers la péninsule coréenne, dont l'USS Carl Vinson fait partie. Le président américain a agité la menace faisant état de sous-marins "beaucoup plus puissants que le porte-avions" comme composante de cette armada.
Cette décision a vocation dissuasive devait faire reculer la Corée du Nord dans ses velléités militaires. Le secrétaire d'Etat américain à la Défense, James Mattis, a justifié ce déploiement comme "une question de prudence", à l'approche des célébrations nord-coréennes du "jour du soleil", qui correspondaient au 105e anniversaire du fondateur du régime Kim-Il-sung, le grand-père de l'actuel dictateur Kim-Jong-un.
Départ de Singapour
Le porte-avions, en activité depuis 1982 et d'une capacité de 80 engins, était déjà dans la péninsule coréenne mi-mars. Il participait aux manœuvres militaires avec l'armée sud-coréenne, organisées deux fois par an en guise de réponse aux démonstrations de force des Nord-coréens. Il a ensuite appareillé à Singapour avant d'en repartir le 8 avril en direction, soit disant, de la Corée du Nord.
Seulement, le groupe aéronaval américain n’a en fait pas mis le cap vers la mer du Japon puisque, ces derniers jours, il croisait au large de la côte septentrionale de l’Australie. Le pot aux roses a été découvert grâce à une photographie de l’USS Carl Vinson prise le week-end dernier dans le détroit de la Sonde entre les îles indonésiennes de Java et de Sumatra, à environ 5.000 kilomètres de la péninsule coréenne. Révélée par le "New York Times", l'information a très vite gênée la Maison-Blanche et son porte-parole Sean Spicer, incapable de se dépêtrer des questions des journalistes.
Car cette photo remet en cause la parole de Donald Trump sur le dossier nord-coréen. Son annonce de l'envoi d'une armada s'apparente donc à un "fake news", la spécialité de Trump depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Un mensonge, vraiment ? Pas tout à fait. Ce que l'armée américaine n’a pas dit, c’est que l’USS Carl Vinson devait achever une autre mission avant de se diriger vers le nord : des exercices dans l'Océan Indien avec la marine australienne. Ces manœuvres conjointes avaient été planifiées il y a longtemps, explique le "New York Times". Du coup, le groupe aéronaval de l'USS Carl Vinson devrait mettre le cap vers la mer du Japon dans la foulée, où il est censé arriver autour du 25 avril.