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Au risque de paraître légèrement pompeux, Emmanuel Macron a choisi de faire dans le symbole fort. S’adressant à la jeunesse d’Europe, il a dévoilé son projet de «refondation» depuis le sommet de la Pnyx, antique colline où l’assemblée des citoyens ? l’Ecclesia ? votait à main levée les lois durant «l’âge d’or» de la démocratie athénienne. Sur fond d’Acropole illuminée, on pouvait difficilement imaginer décor plus sublime. Des images grandioses pour donner à ce discours, par-delà les frontières, le plus large écho possible. Mais l’ouragan Irma aura évidemment émoussé la curiosité pour l’événement.

S’exprimant après le Premier ministre grec Alexis Tsipras, son aîné de 4 ans avec lequel il a laissé voir, tout au long de sa visite d’Etat, une grande connivence, le président français a longuement disserté sur le défaut de démocratie qui aurait détourné le projet européen de sa vocation originale. Il s’est désolé de la myopie des responsables politiques qui, bien avant le Brexit, n’ont pas voulu entendre le message des peuples français et néerlandais opposés en 2005 au traité constitutionnel. «Nous avons continué comme si de rien n’était […]. Une page se tournait et nous ne l’avons pas vu» a constaté Macron.

Réquisitoire

Selon lui, la crise grecque une serait qu’un épisode d’une longue «crise de souveraineté» qui mine l’Union depuis le début des années 2000. Dans un réquisitoire contre les politiques qu’il a lui même servi et conseillé, l’ex-ministre de l’Economie a dénoncé «les mensonges» de ceux qui ont fait croire que la zone euros garantissait les mêmes conditions de vie, «à Athènes comme à Berlin». «Qui a payé? Le peuple grec» s’est-il désolé.

La grande faute des derniers dirigeants de l’Union aura été, selon lui, de «laisser aux souverainistes» le monopole d’une vision étriquée de la souveraineté, synonyme de «repli sur soi». Reçu jeudi matin par son homologue Vlasia Pavlipoulou, le président de la république hellénique, Macron avait a donné le ton en attaquant bille en tête, sans les nommer, les responsables politiques qui n’ont qu’une «lecture émolliente et partielle» de l’UE. Dans une allusion implicite aux ultra-conservateurs polonais, il a affirmé que «l’Europe ne pouvait pas vivre si certains, en son sein, violaient ses principes».

Outre la remise en cause de l’Etat de droit, le chef de l’Etat a cité, parmi ces violations, celle qui consiste à ne pas «réconcilier la force économique et les droits sociaux». Parce qu’il n’y renonce pas, lui, Macron n’a cessé, tout au long de son séjour à Athènes de revenir sur son combat pour la révision de la directive travailleurs détachés. Mercredi, à Varsovie la cheffe du gouvernement polonais Beata Szydlo avait accusé le président français de «saper les piliers de l’Union européenne» en y introduisant «le protectionnisme».

Rendez-vous après les élections allemandes

Selon Macron, «la souveraineté européenne» doit permettre de faire face aux défis qui ne sont plus «à l’échelle des nations» : climat, immigration ou encore le terrorisme. Il a réaffirmé son intention de proposer «une feuille de route» autour d’une dizaine de grands thèmes (convergence sociale et fiscale, gouvernance de la zone euros avec un responsable exécutif et un parlement). Cet agenda sera soumis aux partenaires de l’UE dans les prochaines semaines, c’est-à-dire après que l’Allemagne se sera donné un nouveau gouvernement.


Pour donner à sa «refondation» un «élan démocratique», l’orateur de la Pnyx suggère de «choisir la voie» empruntée par les contemporains de Périclès. Au premier semestre 2018, des «conventions démocratiques» seraient organisées dans tous les Etats de l’UE. Une idée déjà lancée pendant la campagne par le candidat, tenté d’expérimenter la méthode «En Marche» à l’échelle de l’Union. A «la fascination pour la norme» qui a caractérisé selon lui le modèle bruxellois, il propose de substituer la «vitalité démocratique» que pourrait symboliser la constitution de «listes transnationales» aux élections européennes de 2019.


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