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Sur la famille, l'immigration et l'identité nationale, l'ancien Premier ministre a envoyé des signaux très clairs pour imposer sa «rupture» conservatrice.

Le sacre de François Fillon par les sympathisants «de la droite et du centre» annonce pour la France, si l’ancien Premier ministre est élu président, une révolution conservatrice. C’était là l’un de ses principaux arguments: nous allons essayer ce qui, précisément, n’a jamais été essayé en France. À l’image de ce qu’ont vécu les États-Unis et la Grande-Bretagne des années 1980 avec Ronald Reagan et Margaret Thatcher, de ce qui avait été esquissé par Jacques Chirac et Edouard Balladur lors de la campagne victorieuse de 1986 et expérimenté, avec infiniment plus de modération plus près de nous, par Gerhard Schröder en Allemagne.

François Fillon, au soir de sa victoire le qualifiant pour être le candidat de la droite en 2017, a dit trois choses.

Tout d’abord, les participants aux primaires ont consacré «son projet», sa «démarche». Attitude logique pour un candidat à la présidence qui doit en effet agréger autour de son propre projet. Ce qui signifie qu’il n’y aura pas la recherche d’un quelconque «programme commun» avec les vaincus de la primaire, qui s’étaient reconnus dans le programme substantiellement différent d’Alain Juppé.

Ensuite, François Fillon a confirmé que son «projet» était bien porteur d’un «changement complet de logiciel». Du jamais vu, donc, en France.

Enfin, il a placé pour lui-même la barre très haut, n’étant pas loin de considérer qu’il doit être, près de cinquante ans plus tard, à l’image et à l’égal du général de Gaulle, qui avait réorganisé le paysage français en quelques ordonnances à l’été 1959.

Nous sommes donc face à un programme de «rupture», conservatrice cette fois. Au passage, c’est une nouvelle démonstration de l’infaillibilité de celui qui est à même, à chaque échéance électorale, d’incarner une rupture. Rupture pour les uns (Sarkozy en 2007), changement pour les autres (Hollande en 2012) avec en prime, de la part de Fillon, un levier désormais efficace: la distanciation avec les médias, pour ne pas dire leur dénonciation.

Quand «libéral» devient «tout libéral»

La victoire de François Fillon est d’abord celle d’une droite contre une autre. Il a vaincu Alain Juppé, qui portait la version humaniste et modérée de cette famille d’esprit, laquelle était, pratiquement depuis Georges Pompidou, dominante: à savoir un gouvernement de la droite allié au centre, ce qui veut dire un gouvernement cherchant l’équilibre de la société française au centre droit. Ou, comme Raymond Barre l’avait défini en son temps lorsqu’il était Premier ministre: «Une droite libérale, sociale, européenne.» De ce triptyque, François Fillon ne retient que le «libéral», devenu avec lui «tout libéral» ou «ultralibéral», comme on voudra; laissant de côté le social et le projet européen, auquel manifestement il ne croit guère, n’ayant tout au long de sa carrière donné aucun signe en faveur de l’Union.

Trois messages lui ont permis, au long de sa campagne, et plus particulièrement lors du face à face avec Alain Juppé, de caractériser la droite qu’il veut incarner. Messages délivrés à sa façon, c’est-à-dire suave, civilisée, avec l’air de ne pas y toucher. Et pourtant…

Lire la suite - Les trois inquiétants messages de François Fillon

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