Le vieillissement de la population contraint tous les secteurs à revoir leur copie pour s’adresser à cette cible. Une manne devenue stratégique.
Planète grise (2/6). Plus aucun chef d’entreprise ne peut ignorer les mutations démographiques à l’œuvre en France. A l’horizon 2040, le pays comptera 10,6 millions de personnes âgées de plus de 75 ans, contre 6 millions aujourd’hui, d’après les projections établies par l’Insee. Financement des systèmes de retraite et de santé, défi de la grande dépendance…, les craintes sont nombreuses. Mais que peut-on espérer en matière d’emploi ou de produit intérieur brut ?
La « silver économie », c’est-à-dire l’ensemble des marchés, activités de services et ventes de produits liés aux personnes de plus de 60 ans, représente aujourd’hui environ 8 900 milliards de dollars (8 040 milliards d’euros) par an en agrégeantl’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Ce qui, virtuellement, en fait l’équivalent de la troisième puissance économique de la planète, derrière les Etats-Unis et la Chine, selon Natixis. Ce mastodonte pourrait atteindre 24 500 milliards de dollars d’ici à 2050.
« Tous les secteurs économiques sont concernés par le vieillissement de la population », prévient Sophie Schmitt, consultante chez Seniosphère, un cabinet spécialisé dans le marketing auprès des personnes âgées. En vue de l’adoption d’une loi sur la perte d’autonomie, le gouvernement va organiser en fin d’annéeune grande conférence sociale autour des métiers du grand âge. Il y a urgence. En effet, la France doit pourvoir 92 300 emplois d’aides auprès des personnes âgées dans les cinq ans. Le secteur privé est aussi mobilisé. Beaucoup d’entreprises travaillent à l’élaboration de produits et de services adaptés aux retraités, jugés actifs jusqu’à l’âge d’environ 75 ans.
Pour nombre de secteurs, cette population constitue d’ores et déjà une manne. Car, en France, ces consommateurs sont plus aisés que d’autres : le niveau de vie médian des personnes de 65 à 74 ans atteint 22 620 euros par an, soit près de 9 % de plus que pour l’ensemble des Français, à en croire les statistiques de l’Insee datées de 2017.
Les seniors font par exemple la fortune de l’industrie de la croisière. En 2018, ils ont représenté «20 % des 29 millions de croisiéristes dans le monde», signale Erminio Eschena, président pour la France de l’Association internationale des compagnies de croisières. Si leur panier moyen est identique à celui d’autres clients, ils présentent le grand avantage de réserver des voyages plus longs. D’où l’offre du britannique Cruise & Maritime Voyages (CMV), qui propose des tours du monde en cent vingt-trois jours.
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