Les dépenses toujours opaques des cabinets ministériels

Politique

Si les parlementaires sont contrôlés depuis un an sur l’utilisation de leur allocation de frais de mandat, il est beaucoup plus compliqué de savoir ce qu’il en est pour les ministres.

En France, un ministre pourrait-il tomber pour l’achat d’une barre de chocolat, comme Mona Sahlin, la numéro deux du gouvernement suédois, qui avait démissionné en 1995 en raison des dépenses personnelles faites avec sa carte de membre du gouvernement ? Rien n’est moins sûr, tant les dépenses des ministres liées à leurs fonctions sont très difficilement traçables et identifiables par le grand public.

Si les parlementaires sont contrôlés depuis un an sur l’utilisation de leur allocation de frais de mandat (5 373 euros), il est beaucoup plus compliqué de savoir ce qu’il en est pour les ministres. Combien dépense un membre du gouvernement pour ses frais de bouche, de transport, d’hébergement lorsqu’il est en déplacement ? Peut-il s’offrir un costume, un cigare ou une barre chocolatée donc avec l’argent du contribuable ?

Discordants sur les règles à appliquer, le signe d’un certain flou sur cette question, les témoignages recueillis par Le Monde auprès des chefs de cabinet convergent tous pour relativiser les fantasmes sur la vie de château que mèneraient les ministres. « J’en ai marre de la suspicion permanente. On n’achète par des bagues et des robes Chanel ! », s’agace un macroniste qui, comme la plupart de ses homologues, se décrit volontiers en gendarme de la dépense. Dès sa nomination, en mai 2017, le premier ministre, Edouard Philippe, avait enjoint ses ministres par une circulaire à « limiter l’usage des deniers publics au strict accomplissement de la mission ministérielle en ne tirant pas profit de ses fonctions pour soi-même ou pour ses proches ».

« Triple contrôle »

Sur le territoire national, les ministres bénéficient du train gratuit, du repas et du logis quasiment systématiquement en préfecture, tandis que les conseillers dorment dans des hôtels – « plutôt un Ibis », précise l’un d’eux. A l’étranger, ils dorment souvent au consulat ou en ambassade. « Et quand vous savez que vous avez un gros déplacement qui nécessite de prendre un avion Etec [affrété spécialement], qui coûte très cher, vous savez qu’il faudra rogner sur des frais de représentation le reste de l’année », se rappelle l’un d’eux.

La plupart des ministères ont leur cuisine, qui peut fournir des déjeuners et dîners de travail, autorisés par le chef de cabinet et facturés sur son budget. A Bercy, la cuisine est décrite comme « d’un classicisme absolu, qu’on sert normalement dans n’importe quel bistrot un peu amélioré de Paris ».


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