Une étude de l’IFOP analyse les comportements électoraux des militaires des armées de terre et de l’air, des gendarmes mobiles et des gardes républicains.
La tendance se confirme. Les militaires, dont les gendarmes, accordent très largement leur suffrage au Rassemblement national (RN). C’est ce que montre une nouvelle étude réalisée par Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique à l’IFOP, pour la Fondation Jean-Jaurès. « Leur inclinaison pour le parti de l’extrême droite varie en fonction de l’actualité, mais le plancher reste toujours très élevé », constate l’auteur.
Intitulée « Pour qui votent les casernes ? » et publiée lundi 15 juillet, l’étude s’emploie à analyser les résultats obtenus dans les petites communes abritant des garnisons et dans les bureaux de vote dont dépendent les casernes. Uniquement là où « l’impact statistique de leur vote est indiscutable », souligne M. Fourquet. Dans les villes moyennes et grandes, les effectifs sont trop dilués pour peser significativement. « C’est pourquoi nous n’avons pas pu étudier le vote des marins, qui habitent dans des villes trop grandes, ni celui des policiers, qui ne sont jamais regroupés au même endroit en nombre suffisant pour être déterminants dans le corps électoral local », explique le sondeur.
Prenons l’exemple de Mailly-le-Camp, dans l’Aube, une petite commune de moins de 1 600 habitants (et 852 inscrits) qui abrite le 5e régiment de dragons, composé de six escadrons et de trois compagnies, soit près de 1 000 soldats. Aux élections européennes de mai, le parti de Marine Le Pen a obtenu 50,4 % des suffrages. C’est 17 points de plus que la moyenne du département.
L’élection présidentielle de 2012 et les européennes de 2014 avaient déjà enregistré une première hausse, que M. Fourquet attribue à l’arrivée de la gauche au pouvoir, aux premières années du quinquennat Hollande ainsi qu’aux divisions au sein de la droite.
Les scores du Front national (FN) ont ensuite bondi dans ces communes à forte présence militaire lors des élections régionales de 2015, après les attentats du 13 novembre 2015 (53,7 % au premier tour à Mailly-le-Camp). « Les attaques meurtrières (…) ont manifestement eu un effet non négligeable dans cet électorat se retrouvant de facto en première ligne pour lutter contre l’ennemi islamiste », analyse l’auteur.
Lire la suite : Le tropisme lepéniste des militaires dans les urnes