Plusieurs études publiées suggèrent que les végétariens ont un moindre risque cardiovasculaire, tels les infarctus, que les non-végétariens. On peut penser que le bénéfice santé l'emporte totalement sur les « viandards ».
On ne savait pas jusqu'à présent ce qu'il en était du risque d'attaque cérébrale. Une équipe britannique de l'université d'Oxford a utilisé des données issues de l'étude EPIC-Oxford (la composante Oxford de l'European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) afin d'évaluer le risque de maladie cardiovasculaire, mais aussi d'attaque cérébrale sur une population de 48.188 personnes indemnes de toute pathologie cérébrale ou cardiovasculaire ayant un âge moyen de 46 ans et suivies sur une durée de 18 ans (de 1993 à 2001). On a composé trois groupes : les carnivores, les pesco-végétariens qui consomment le poisson et les végétariens, aucune protéine de source animale (sources : Tong T. and al. , BMJ 366, sept. 2019).
Résultat des données
On a relevé sur la période d'observation 2.820 cas de maladie cardiovasculaire et 1.072 cas d'attaque cérébrale dont 519 cas d'ischémie cérébrale (liée à un caillot). On a pris en compte des facteurs confondants comme le tabagisme, la prise de compléments alimentaires, le passé médical et le niveau d'activité physique.
Les pesco-végétariens peuvent consommer du poisson. © Gregg Tit Con, Wikimedia commons, CC by 2.0
Les résultats semblent conformes à ce que l'on peut présumer. À savoir : en étant pesco-végétarien, vous diminuez vos risques de maladie cardiovasculaire de 13 % et si vous êtes uniquement végétarien de 22 % par rapport aux consommateurs de viande. Les groupes sans viande ont un meilleur contrôle de leur poids avec un indice de masse corporelle moindre (poids en kg divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2), une moindre pression artérielle, un taux moins élevé de cholestérol et un meilleur contrôle de la glycémie. Tout cela est lié au modèle alimentaire plus sain.
Une étude qui surprend
La surprise de l'étude est que les pesco-végétariens et les végans ont, au contraire, un risque plus élevé de 20 % de faire un accident vasculaire cérébral par rapport au groupe des carnivores. L'abaissement du taux du cholestérol et le déficit en certains nutriments comme la vitamine B12 (uniquement trouvée dans les protéines animales) pourraient être une voie d'explication.
Comme il s'agit d'une étude prospective, on parle d'étude observationnelle, ce qui ne permet pas d'établir la cause avec certitude. Pour ce faire, il faut réaliser d'autres études avec la mesure de différentes vitamines et de minéraux. Il faut également pointer que l'étude s'est déroulée en Occident, dans un pays riche avec une majorité de population blanche, ce qui peut être un biais supplémentaire dont il faut tenir compte dans le futur.
Il est quand même bon de rappeler qu'il ne faut pas être drastique en médecine, notre organisme déteste les grands écarts. Ne passons pas du tout carné au tout végétal sous peine de diminuer certaines maladies pour en augmenter d'autres. Je déteste les extrémismes, cette étude a le bon goût de le rappeler.
Conclusion de l'enquête
On doit prendre en considération les récentes recommandations du rapport EAT-Lancet publiées le 16 janvier 2019 (L'alimentation à l'anthropocène : la Commission EAT-Lancet pour une alimentation saine à partir de systèmes alimentaires durables supervisée par les Prs Walter Wilett et Johan Rockström). Le rapport est disponible gratuitement sur le net.
La conclusion de ce rapport est que « les régimes alimentaires malsains présentent un risque plus élevé de morbidité et de mortalité que les rapports sexuels non protégés et la consommation combinée d'alcool, de drogues et de tabac ». Vous lisez bien et ce ne sont pas des élucubrations pseudo-scientifiques !
Résultat, nous avons tout intérêt, nous les Occidentaux, à diminuer sérieusement notre consommation de viande et de protéines animales (actuellement 60 % des protéines totales) et d'augmenter la part des protéines végétales. Mais ce qui est valable pour les Occidentaux mérite d'être affiné pour les populations des pays émergents. Ne malmenons pas nos organismes, nous le faisons déjà suffisamment avec notre pauvre Planète, et c'est la même histoire.
Source : Est-ce vraiment bon pour la santé d’être végétarien ?