La guerre commerciale des Etats-Unis contre la Chine pousse les prix de l’or noir à la baisse, malgré les tensions avec l’Iran dans le détroit d’Ormuz.
Rien ne se passe comme prévu au royaume du pétrole : en l’espace de trois mois, une dizaine de tankers ont été victimes d’incidents dans le très stratégique détroit d’Ormuz, un drone américain et un drone iranien y ont été abattus, et les Etats-Unis comme le Royaume-Uni y ont renforcé leur présence militaire. La région semble sur le point de basculer dans un engrenage guerrier.
Le détroit d’Ormuz, large de seulement 40 kilomètres, situé entre l’Iran et le sultanat d’Oman, voit transiter près de 20 % du pétrole mondial et 30 % du gaz naturel liquéfié (GNL). La moitié des réserves mondiales d’or noir se trouve dans la zone, où plus de 2 400 tankers naviguent chaque année, sous la surveillance étroite de la Ve flotte américaine.
Pour ajouter à cette pression, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la Russie ont décidé, au début du mois de juillet, de maintenir une stricte politique de réduction de la production en vue de faire remonter les cours. Des tensions géopolitiques dans une région clé et une forte discipline de l’OPEP : les ingrédients sont réunis pour aboutir à une hausse importante du prix du baril.
Pourtant, les cours connaissent une trajectoire étrange, résolument orientée à la baisse. Depuis le début de l’été, ils oscillent entre 57 et 65 dollars (entre 51 et 58 euros). Lundi 12 août à Londres, le brent se négociait autour de 58 dollars.Un prix bien inférieur à ce qu’espèrent les grands exportateurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite.
La production américaine continue de croître
« En réalité, ce qui se passe dans cette région depuis le mois de mai a forcément un impact haussier sur les prix, mais cela est compensé par des facteurs baissiers à peu près équivalents », analyse Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Au moins deux facteurs jouent fortement sur les marchés pétroliers. D’abord, la production américaine continue de croître de manière sensible. En mai, les Etats-Unis ont extrait l’équivalent de 12,1 millions de barils par jour, soit 1,7 million de plus que l’année précédente, selon les derniers chiffres de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA). Cette très forte croissance est due en quasi-totalité au Bassin permien, dans l’ouest du Texas. Depuis des mois, la production, outre-Atlantique, dépasse presque systématiquement les prévisions. Résultat : même si les Etats-Unis importent encore un peu de pétrole, ils en exportent de plus en plus, et augmentent de façon considérable l’offre mondiale.
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