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Le fort, dans lequel Emmanuel Macron recevra Vladimir Poutine, lundi, abrite un hectare de jardin qui, conjugué au soleil de la Méditerranée, offre des conditions idéales à une rencontre bilatérale au caractère informel.

Deux hélicoptères se posent à proximité du fort de Brégançon (Var), avec à leur bord François Mitterrand et Helmut Kohl. Des badauds en slip de bain scrutent la scène avec des jumelles. Le 24 août 1985, le président de la République et le chancelier d’Allemagne de l’Ouest se retrouvent pour parler de sécurité. La guerre froide n’est pas finie. « La sécurité de l’un intéresse la sécurité de l’autre », lâche le Français d’un ton morne devant les caméras. Le cœur n’y est pas. Il est davantage préoccupé par l’affaire du Rainbow-Warrior, ce navire de l’ONG Greenpeace coulé par les services secrets français en juillet 1985. Son invité, lui aussi, a la tête ailleurs – il est inquiet de l’espionnage de son pays par l’Allemagne de l’Est. On a connu plus grandiose pour une première.

Avant cette date, la résidence présidentielle, lieu de vacances officiel des chefs de l’Etat depuis 1968, n’avait encore jamais accueilli de rendez-vous diplomatique d’importance. Il n’y en aura pas beaucoup d’autres. Cela rend d’autant plus particulière l’invitation en ces lieux lancée à Vladimir Poutine par Emmanuel Macron, lundi 19 août. Exigu, le fort n’est pas vraiment adapté aux grands raouts. Mais il abrite un hectare de jardin de superbe réputation qui, conjugué au soleil de la Méditerranée, offre des conditions idéales à une rencontre bilatérale au caractère informel.

Le 16 août 2004, Jacques Chirac avait utilisé cet environnement pour renouer les liens entre la France et l’Algérie. Les propos du président Abdelaziz Bouteflika, quelques semaines plus tôt, qualifiant les harkis de « collabos », avaient en effet jeté un froid. D’abord invité à participer à la cérémonie du 60e anniversaire du débarquement allié en Provence, le chef de l’Etat algérien avait ensuite eu les honneurs d’un déjeuner long de quatre heures avec son homologue français à Brégançon. Le « climat », rapportait alors l’Elysée, y était « excellent » et l’ambiance « chaleureuse ». Ce qui n’a pas empêché les caméras d’être tenues à l’écart.

Patrimoine national

Quatre ans plus tard, en août 2008, le style se voulait bien différent : caméras partout, intimité nulle part. Nicolas Sarkozy recevait alors la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, pour évoquer le conflit géorgien. Le président français s’efforçait d’éviter la partition du pays et une invasion russe. Une fois les discussions achevées, il embarquait son invitée dans un bain de foule en toute décontraction, sans cravate.


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