Les dirigeants indépendantistes corse et kanak ont ratifié vendredi, à Paris, une convention de partenariat politique, économique et culturel entre leurs deux institutions.
Ce ne sont pas les ors du Quai d’Orsay mais, avec un peu d’imagination, on pourrait s’y croire puisqu’il s’agit de signer une convention entre deux « Etats » en voie d’indépendance. Enfin, presque. D’ailleurs, ce ne sont pas les chefs des exécutifs de ces territoires qui apposent leur signature sur les parapheurs, mais le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, et celui du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Rock Wamytan.
L’instant n’en est pas moins solennel, du moins se veut-il ainsi. Au milieu de la « grande case » de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, à quelques pas de l’Opéra Garnier de Paris, les deux indépendantistes s’apprêtent à signer, vendredi 11 octobre, une « convention de partenariat » entre les deux assemblées législatives, l’une et l’autre dotées de statuts particuliers. Ce qui, soit dit en passant, montre bien que la « différenciation » est déjà une réalité dans la législation française.
Passée l’accolade entre les deux hommes, M. Wamytan explique à son homologue corse la symbolique des lieux, le chemin parcouru et ces huit totems qui représentent les huit aires coutumières de la « Kanaky ». Pour la suite, convient M. Talamoni, « nous nous exprimerons en français, notre langue nationale à l’un et à l’autre ».
L’objet de cette convention, « entre deux institutions démocratiques élues au suffrage universel qui, à ce titre, assurent légitimement la représentation de leurs peuples », est de mettre en œuvre des actions de partenariat dans des domaines économiques, culturels, administratifs et institutionnels, mais aussi sur la « question politique du droit à l’autodétermination ».
Echange de coutumes
« Nos histoires sont semblables, même si nous avons des différences, appuie M. Wamytan. Nous avons un même colonisateur et nous voulons conduire un processus de décolonisation. » Reste un problème, la ratification de cette convention, sur laquelle l’Assemblée de Corse a déjà délibéré mais pas le Congrès de la Nouvelle-Calédonie. « Nous sommes de l’autre côté de la Terre, dit en souriant M. Wamytan. Alors on signe d’abord et ensuite on présentera cette convention au congrès pour la ratification. » On ne va pas se formaliser pour si peu.
Les parapheurs passent de main en main. Et, pour sceller la cérémonie, les deux présidents procèdent à un échange coutumier. M. Talamoni offre à son homologue un exemplaire de La Justification de la révolution corse, un document majeur de l’histoire de la Corse, ainsi qu’Etat de la Corse, de James Boswell, écrit au XVIIIe siècle. M. Wamytan l’invite à découvrir un bel ouvrage de Sébastien Lebègue : Coutume kanak. Si proches et si différents.
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