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Chronique. Chaque semaine, Philippe Ridet croque une personnalité qui fait l’actualité. Cette semaine, l’ancien candidat des Républicains à l’élection présidentielle française, sorti de son silence médiatique… en Suisse.

Aller en Suisse pour raconter des blagues, quelle drôle d’idée ! Acheter du chocolat, planquer ses sous, passer une nuit au Grand Hôtel Glacier du Rhône dans l’air raréfié du col de la Furka, pourquoi pas ? Mais, franchement, se rendre jusqu’à Genève après trois heures de TGV et plus de deux années de silence, afin de dauber sur les divisions de la droite auxquelles il a largement participé et traiter Emmanuel Macron de « petit joueur » au prétexte que les « gilets jaunes » n’ont mobilisé qu’« au maximum » 180 000 personnes, alors que lui, François Fillon, lorsqu’il était ministre du travail, en avait jeté 2,5 millions dans la rue en une réforme des retraites, c’est inattendu.

Heureux Helvètes à qui l’ancien premier ministre et candidat de la droite à la présidentielle française a réservé la primeur de son come-back sur la chaîne de télé suisse RTS. On savait l’ancien député de la Sarthe un peu vantard. « Quand on fera le bilan de Chirac, on ne se souviendra de rien… sauf de mes réformes », nous avait-il confié en 2005 lorsqu’il fut écarté du gouvernement par Dominique de Villepin, soit quatorze ans avant de le pleurer à la télévision le jour de son décès. On savait, pour l’avoir constaté en 2017, qu’il était résistant et entêté au point que personne dans son camp ne parvint à lui faire renoncer à son rêve présidentiel quand tout semblait perdu. On ignorait qu’il fut encore meurtri.

L’approche de son procès

Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Pourquoi vouloir « repiquer au truc » ? s’est-on demandé dans les rédactions avant que la vraie fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès n’abrège cette réflexion un peu vaine. Voulait-il « refaire » le match ? S’agissait-il d’un hommage crypté à Eugène Saccomano ? « Dans la défaite, le chef se retire sans chercher d’excuses et sans donner de leçons », avait-il dit après son élimination du scrutin suprême. On avait du mal comprendre.

A moins que… A moins qu’à l’approche de son procès et de celui de son épouse, Penelope, pour « détournement de fonds publics », « complicité et recel » de ce délit, « complicité et recel d’abus de biens sociaux », etc., il lui faille provoquer le buzz. « Il revient dans l’atmosphère (…). Ce procès sera une sacrée épreuve », analysait l’autre jour un commentateur politique qui le connaît bien, en se référant au retour des astronautes après une mission spatiale. La capsule, paraît-il, rougit sous l’effet du frottement avec l’air. Ça tremble de partout dans un bruit de ferraille. C’est le moment le plus délicat.


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