« L’année zéro de la gauche française »

Politique

Les différentes tentatives de relance d’une « maison des communs », voire d’une « union populaire », entre les forces de gauche se heurtent à un paysage politique émietté et à des projets contradictoires.

Analyse. Il y a des images qui font mouche. Mercredi 19 juin, à Saint-Denis, gauche et droite ont tenu un meeting commun. Face à 250 personnes, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste (PCF), les députés de La France insoumise (LFI) Clémentine Autain et Eric Coquerel, mais aussi ceux du parti Les Républicains (LR), François Cornut-Gentille et Gilles Carrez, ont fait campagne ensemble pour collecter les signatures nécessaires à l’organisation d’un référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris.

Du 5 au 7 juillet à La Charité-sur-Loire (Nièvre), Christian Paul, un des fondateurs du « Festival des idées », a convié Yannick Jadot et Cécile Duflot pour Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Najat Vallaud-Belkacem et Boris Vallaud pour le PS, Raphaël Glucksmann pour Place publique, Clémentine Autain et Manon Aubry pour LFI, Ian Brossat pour le PCF, Guillaume Balas, pour le mouvement Génération.s de Benoît Hamon, à une série de débats pour « montrer que la gauche n’est pas morte bien que dispersée ».

Ancien secrétaire d’Etat de Lionel Jospin, ancien chef de file des « frondeurs » sous le quinquennat de François Hollande, battu aux élections législatives de 2017, M. Paul veut « faire tomber les murs entre citoyens et politiques, gauche et écologistes, gauche et couches populaires », cherchant même à préparer un « Manifeste » avec des « idées-forces » communes pour l’élection présidentielle de 2022. Laminée aux scrutins de 2017 – une « autodestruction », selon M. Faure –, la gauche a abordé les récentes élections européennes façon puzzle, affichant et même cultivant ses divisions de manière conflictuelle. A l’arrivée, elle a été pulvérisée, obtenant avec EELV et l’extrême gauche 32,6 % contre 34 % en 2014 et 44,89 % en 2009. Depuis cette défaite globale, qui n’a épargné que les écologistes, les raisons de la discorde semblent avoir été mises sous le tapis.

Un appel à « un big bang de la gauche »

Réalisant un peu tard qu’unie, du PS à EELV en passant par LFI, elle arrivait devant La République en marche d’Emmanuel Macron et le Rassemblement national de Marine Le Pen, la gauche pare l’union de toutes les vertus. Elle invente de nouvelles constructions qui, dépassant des appareils partisans vermoulus, s’adresseraient directement aux citoyens et incluraient, dans ce que M. Faure appelle « une vraie galaxie progressiste », le monde syndical, alors qu’aucun syndicat n’est prêt à s’y joindre.


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