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La journaliste Marie-Laure Delorme se penche dans un essai sur l’amitié entre politiques et s’interroge sur la solidité de ces affinités électives.

L’un peut-il vivre sans l’autre ? Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, François Bayrou et Marielle de Sarnez, Edouard Philippe et Gilles Boyer, François Hollande et Jean-Pierre Jouyet, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin : duos politiques forgés au gré des combats partagés ou histoires d’amitié véritables ? L’amitié en politique peut-elle exister ? Et que dit-elle des intéressés, du pouvoir et de la politique ?

Dans Parce que c’était lui, parce que c’était moi (Grasset, 208 p., 19 €), Marie-Laure Delorme, journaliste littéraire au Journal du dimanche, explore un sujet qui, s’il peut paraître galvaudé, est loin de faire consensus. Pour les uns, comme Edouard Philippe, l’amitié est indissociable de la « complétude de la vie politique ». Pour les autres, à l’instar de l’ancienne plume d’Emmanuel Macron, Sylvain Fort, « la politique est la pire des épreuves pour l’amitié ».

L’auteure – qui a déjà cheminé dans les allées du pouvoir en consacrant deux livres à l’ENA et à l’ENS, berceaux des élites françaises – a rencontré une dizaine de responsables politiques, qui lui ont confié, parfois avec des mots inattendus, leur conception de l’amitié. Ce faisant, ils ont livré aussi leur vision de la politique, en tout cas d’une manière d’en faire, et beaucoup d’eux-mêmes.

« La politique change les gens »

Chez Edouard Philippe, Marie-Laure Delorme décèle un côté crâne, « faux détaché ». Qui « n’aime pas que l’on n’aime pas ceux qu’il aime ». Le premier ministre a une vision « jusqu’au-boutiste » de l’amitié, il irait voir ses amis en prison. Le jour de l’enterrement de son père, il confie à son ami Gilles Boyer, qu’il a connu dans l’entourage d’Alain Juppé, une copie du discours qu’il va prononcer : « Si je n’y arrive pas, tu continues. » Mais s’il assure ne pas aimer la brutalité, Philippe dit aussi qu’il n’a « aucun problème à écrabouiller », s’il y est obligé : « Je ne vais pas vous raconter des craques : je ne suis pas un gentil. »

Pour Bruno Le Maire, l’amitié relève du « mystère ». Mais à la pureté, lui préfère le « trouble ». De Dominique de Villepin, qui a été son patron, il dit qu’ils se sont « blessés l’un l’autre ». Mais il « préfère avoir des blessures qu’un cœur sec ».


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