La succession à la tête du CNC inquiète les cinéastes

Politique

Pressenti, Dominique Boutonnat est l’auteur d’un rapport controversé sur le financement privé dans la production et la distribution cinématographique.

Frédérique Bredin, l’actuelle présidente du Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC) va terminer son deuxième mandat, dimanche 14 juillet à minuit, sans qu’aucun successeur soit nommé. Ni elle – ce qu’elle avait un temps espéré – ni un autre. Mme Bredin a indiqué à ses équipes qu’elle n’assurerait pas l’intérim. Et donc, pour la première fois de son histoire, cette institution créée par une loi de 1946 pour réglementer, soutenir et promouvoir le cinéma, sera confrontée à une vacance du pouvoir.

Depuis le dernier Festival de Cannes, la liste des prétendants à la tête du CNC s’est allongée. Les noms d’Isabelle Falque-Pierrotin, ex-présidente de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), de Claudia Ferrazzi, conseillère culture et communication à l’Elysée, d’Olivier Courson, ex-conseiller culture à Matignon, Christophe Tardieu, ancien numéro deux du CNC, et surtout de Dominique Boutonnat étaient le plus fréquemment cités. Ce dernier, producteur, semblait tenir la corde cette semaine, ce qui a déclenché un tollé. M. Boutonnat a signé un rapport à la demande du ministère de la culture et de Bercy sur le financement privé dans la production et la distribution cinématographique. Paradoxalement, la principale mesure préconisée par le document rendu public en mai n’était autre qu’un appel massif à l’argent public, par la mise en place d’unfonds d’investissement en capital géré par Bpifrance.

Proximité avec Macron

Ce rapport avait été violemment critiqué, tout comme celui remis début juin par la députée LREM Marie-Ange Magne, qui proposait de contrôler davantage le CNC et de « plafonner l’ensemble des taxes affectées au CNC » qui sont redistribuées sous forme d’aides à la création. Mme Bredin y était farouchement opposée. Plus de 800 professionnels du cinéma avaient fait savoir le 3 juillet dans une tribune au Monde leur hostilité à ces deux rapports qui, selon eux, privilégiaient une logique commerciale au détriment de la créativité. Ils dénonçaient une « idéologie mortifère pour la diversité du cinéma ».

Dans Le Film français jeudi 11 juillet puis dans Libération, plus de 70 cinéastes veulent empêcher Dominique Boutonnat de prendre la tête du CNC. Ils soulignent sa proximité avec Emmanuel Macron et son aide pendant la campagne présidentielle, jugeant que le producteur a été « récompensé pour ses services ». M. Boutonnat a obtenu « l’agrément en octobre 2018 de Ciné Axe, une société de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel (Sofica) dont il est co-fondateur ». Ils notent que dans son rapport M. Boutonnat préconise « de maintenir et améliorer le dispositif des Sofica ». Ils évoquent à la fois « le clientélisme » qui sous-tendrait une telle nomination et « les conflits d’intérêts » qui pourraient en découler.


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