Tribune. En séparant parents et enfants entrés illégalement aux Etats-Unis, Donald Trump a relancé le débat sur la rétention des mineurs étrangers, qui agite la France. Les situations sont différentes. La France ne pratique pas la séparation des familles. Quant au nombre d’enfants placés en rétention, sans proportion avec la situation américaine, il a atteint, en 2017, le chiffre de 305 en métropole, 4 200 dans le seul département de Mayotte, pour 50 000 étrangers retenus en instance d’expulsion.
Mais la France a été sévèrement condamnée, entre 2012 et 2016, par la Cour européenne des droits de l’homme. Les juges de Strasbourg n’ont certes pas sanctionné le principe même de la rétention. Ils ont toutefois estimé, à six reprises, que la France violait plusieurs des principes de la Convention européenne des droits de l’homme : l’interdiction des traitements inhumains (article 3), le droit à la liberté et à la sûreté (article 5) et le respect de la vie privée et familiale (article 8).
Notre pays a donc un sérieux problème avec la rétention des mineurs. Le candidat Hollande s’était engagé, s’il était élu à l’Elysée, « à mettre fin dès mai 2012 à la rétention des enfants et donc des familles avec enfants ». Une circulaire publiée à l’été 2012, puis une loi confuse adoptée quelques mois plus tard, ont bien tenté de fixer un cadre, mais sans tenir la promesse présidentielle.
Résultat : en métropole, le nombre d’enfants retenus a quadruplé entre 2013 et 2016, passant de 41 à 172, avant de bondir en 2017, tout près du record atteint sous Nicolas Sarkozy : 384 enfants en 2011.
Une politique de continuitéIl faut donc « tirer les leçons du pouvoir », puisque la politique conduite en ce domaine par les gouvernements successifs – de droite, de gauche et d’ailleurs – frappe avant tout par sa continuité. Pourquoi la France ne se désaccoutume-t-elle pas d’une forme de maltraitance contraire à l’intérêt de l’enfant quand...
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