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DaimlerBenz a annoncé vendredi une baisse historique de ses profits pour 2019. Une semaine plus tôt, le patron de BMW a été poussé dehors pour cause de résultats insatisfaisants.

Elle s’appelle Susanne Klatten et elle est, en tant que principale actionnaire de BMW, la femme la plus riche d’Allemagne. Malgré sa fortune estimée à quelque 19 milliards d’euros, Mme Klatten a été récemment un peu à court d’argent pour finaliser une vaste opération immobilière qu’elle mène à Francfort. La récente chute de la valeur des actions BMW a été telle qu’elle a contraint la milliardaire à augmenter, le 26 juin, à la demande des banques, le nombre de ses titres donnés en garantie pour obtenir le prêt destiné à financer son investissement.

Cette petite humiliation, pour le réputé insubmersible capitalisme automobile allemand, est révélatrice d’une nouvelle ambiance dans l’un des bastions de la prospérité allemande. « Das deutsche Auto », synonyme dans le monde entier de fiabilité, luxe et confort, mais aussi de marges extraordinaires et de croissance continue, est aujourd’hui confrontée à des défis qui menacent son modèle économique.

La dernière illustration de ces difficultés a eu lieu pas plus tard que vendredi 12 juillet. Elle a pris la forme d’une alerte sur résultats du groupe DaimlerBenz, qui fabrique des Mercedes et des Smart, la deuxième en quelques semaines, la quatrième en un peu plus d’un an, autant dire du jamais-vu dans l’histoire de la firme de Stuttgart.

Le groupe s’attend désormais à un bénéfice opérationnel cette année « significativement inférieur » à celui de 2018 qui était de 11,1 milliards d’euros. Pour le deuxième trimestre 2019, Daimler a même déploré une perte opérationnelle de 1,6 milliard d’euros, contre un bénéfice de 2,6 milliards sur la même période de l’an dernier.

Chute des ventes en Chine

Pour expliquer cette déconfiture, Daimler avance plusieurs causes : une croissance plus faible qu’attendu des marchés automobiles, un rappel massif de véhicules en raison d’un problème sur les airbags de marque Takata et une augmentation de plusieurs centaines de millions d’euros des provisions liées à l’adaptation technique de ses véhicules diesel.

Si l’affaire des airbags défectueux est purement accidentelle, les deux autres motifs de l’alerte sur résultats sont emblématiques du double mouvement de fond qui enserre dans une pince infernale les constructeurs automobiles européens, et singulièrement allemands.

Il y a d’abord la pression conjoncturelle à forte dimension géopolitique. Les menaces du président américain Donald Trump sur le commerce international ont provoqué en Chine un ralentissement de l’activité, et en particulier une chute des ventes d’automobiles continue depuis presque un an. Or, pour les constructeurs allemands, le débouché chinois, premier marché de voitures au monde, est devenu vital. A une moindre échelle, le Brexit fait aussi sentir ses effets en Europe. Et, plus profondément encore, c’est à un phénomène de « démondialisation » que doivent se confronter ces marques championnes de l’exportation que sont les Mercedes, BMW, Audi, Volkswagen (VW)…


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