« Juste un clic », pour se former ?

Economie

Pour aider les actifs à prendre en main leur employabilité et leur parcours professionnel, le gouvernement s’apprête à lancer l’application CPF. Pas sûr qu’elle réussisse ce que des décennies de réformes n’ont pas pu mettre en oeuvre, explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier dans sa chronique.

Chronique « Carnet de bureau ». Comme un mantra, le « juste un clic » est censé incarner la simplification pour réformer la formation. Pour aider les actifs à prendre en main leur employabilité et leur parcours professionnel, le gouvernement s’apprête à lancer l’application CPF (compte personnel de formation) avant la fin de l’année. Le 21 novembre, la formation sera sur « une place de marché », selon les termes de la Caisse des dépôts qui finalise l’opération avec le ministère du travail, sous la forme d’un site Internet d’abord, avant le lancement de l’application mobile proprement dite, prévue « le 1er décembre au plus tard », indique le ministère.

Les 29 millions d’actifs concernés sont invités à croire au monde de la Petite Poucette de Michel Serres, dans lequel les nouvelles technologies libèrent les citoyens d’un simple clic. « C’est une révolution, notre machin », annonce le cabinet de Muriel Pénicaud.

Les salariés pourraient ainsi s’acheter une formation sur leur téléphone aussi facilement qu’ils twittent. Ils vont donc enfin se former pour adapter leurs compétences à l’évolution des métiers : c’est en tout cas le pari de ce CPF rénové.

Un produit de consommation

« Juste un clic » pour s’acheter sa formation, comme s’il s’agissait d’un produit de consommation. « On attend avec impatience le 21 novembre. Le salarié prend le pouvoir. Il pourra acheter, consommer. Le marché va être régulé par la satisfaction des usagers qui nous noteront comme sur TripAdvisor », se réjouit Pierre Charvet DG de Studi, un organisme de formation en ligne.

Bien qu’il soit entré en vigueur en janvier 2015, presque cinq ans plus tard le CPF n’est toujours connu que d’un tiers (8,3 millions) des actifs

Du côté de l’intérim, on salue également la facilitation de « l’expérience utilisateur », dans l’espoir que les intérimaires puissent « cibler les compétences attendues sur le marché ». Actuellement, ce sont toujours les moins qualifiés qui se forment le moins.

Une simple application résoudrait ainsi ce que des années de réformes n’ont pas réussi à mettre en œuvre ? On peut en douter. Dans les entreprises, les DRH sont moins enthousiastes que les organismes de formation. Sur l’adéquation des demandes au marché du travail d’abord : qui va empêcher les salariés de choisir des formations déconnectées de leur parcours professionnel ? interpelle l’Association nationale des DRH (ANDRH).


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