L’ancien président du Conseil constitutionnel est l’un des derniers visiteurs de l’ex-chef de l’Etat. Depuis leur rencontre en 1967, ils ne se sont jamais quittés.
Chaque semaine, ou presque, il emprunte le même chemin, non loin du Sénat et du jardin du Luxembourg, au cœur du 6e arrondissement de Paris. Il passe sous le porche d’un hôtel particulier, celui que l’homme d’affaires François Pinault a mis à la disposition de ses amis, les Chirac. Il traverse la cour intérieure, salue l’officier de sécurité et gravit les quelques marches qui mènent à la porte d’entrée.
De plain-pied, la chambre de l’ancien président donne sur une terrasse ombragée. Jean-Louis Debré s’assoit à côté de Jacques Chirac, prend l’une de ses mains dans la sienne et commence à parler. Il rapporte les bruits du monde, évoque l’actualité, donne des nouvelles des amis, de la famille, raconte ce qui lui passe par la tête. Parfois il invente, confie-t-il, convaincu que « cela n’a pas vraiment d’importance ».
« Il n’y avait plus Séguin, il n’y avait plus Juppé, il n’y avait plus Sarkozy…, il n’y avait plus personne qu’on connaissait. Notre monde politique s’était écroulé »
Il n’y a pas si longtemps, les deux hommes regardaient la télévision ensemble et commentaient ce qu’ils voyaient. Le Congrès, réuni par Emmanuel Macron à Versailles le 3 juillet 2017, a semé la perplexité dans l’hôtel particulier. Jacques Chirac ne reconnaissait personne, Jean-Louis Debré non plus. « C’est qui ? », interrogeait l’ancien chef de l’Etat, tandis que l’ancien président du Conseil constitutionnel cherchait sur Google les noms et les visages des ministres tout juste nommés. « Il n’y avait plus Séguin, il n’y avait plus Juppé, il n’y avait plus Sarkozy…, il n’y avait plus personne qu’on connaissait, raconte Jean-Louis Debré. Notre monde politique s’était écroulé. »
« Le corps va très bien »
Depuis l’été 2018, Jacques Chirac ne prononce quasiment plus un mot, il se tient dans son fauteuil, les yeux dans le vague, parfois fermés. « Le corps va très bien », résume pudiquement son ancien ministre. La tête en revanche… « Je ne sais pas s’il me reconnaît, j’en ressors moralement épuisé, ça me fait mal de le voir comme ça, mais j’ai la faiblesse de penser que ma présence lui fait du bien, glisse Jean-Louis Debré. J’ai tellement d’affection pour lui, je serai là jusqu’au bout. »
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