Neuf syndicats de la fonction publique appellent à faire grève et à manifester, mardi 10 octobre. Echaudés par les annonces du gouvernement, les fonctionnaires voient s’éloigner la hausse du pouvoir d’achat promise par Emmanuel Macron et certains craignent l’effet que les nouvelles mesures gouvernementales risquent d’avoir sur leur travail et sur leur quotidien, comme ils l’ont raconté à travers un appel à témoignages lancé sur Le Monde.fr.
« Tous les 1er janvier, mon net diminue, bonne année ! », rappelle ainsi une fonctionnaire de 37 ans, qui travaille dans la recherche publique et qui souhaite rester anonyme. Depuis la réforme engagée par le gouvernement Fillon en 2010, les cotisations retraite augmentent tous les ans et cela fait des années que les fonctionnaires voient s’accumuler les mauvaises nouvelles : stagnation de leur traitement de base, départs à la retraite non remplacés, manque de perspective dans leur carrière…
« Victimes »
Pendant la campagne présidentielle, le candidat Macron l’avait pourtant promis aux agents publics : « J’augmenterai votre pouvoir d’achat, comme celui des salariés des entreprises. » Les mesures annoncées quelques mois plus tard déçoivent, voire suscitent la colère. Beaucoup de fonctionnaires ayant répondu à notre appel à témoignages disent se sentir« victimes » : « Victimes d’un nivellement par le bas des conditions de travail et des droits », comme l’estime François P. ou « victimes expiatoires du nécessaire équilibre des comptes publics », selon Pierre-Yvon L., un cadre territorial de 50 ans qui ne voit aucune différence entre les politiques passées et le « nouveau monde cher à Emmanuel Macron ».
Cadre administratif et membre d’une commission d’attribution d’aides sociales exceptionnelles, Pascal P. fait part, à 53 ans, de son « sentiment d’injustice » devant la « paupérisation des petits fonctionnaires » :
« Je vois des gens, seuls, devant aider ascendants (maisons de retraites si onéreuses) et descendants (sans boulot) tous les jours. (…) Ajoutez à cela le prix de l’immobilier (…) et vous avez des surendettés en masse. »