Grâce à l’intelligence artificielle et à l’utilisation des données financières, il est possible de traquer efficacement le trafic d’êtres humains, explique, dans une tribune au « Monde », Debra Geister, chercheuse en criminalité financière.
Tribune. Le trafic d’êtres humains continue de prospérer et représente un marché mondial de 100 milliards de dollars. Chacun continue à croire, en général, que cette activité ne nous affecte pas au quotidien. Des chefs d’entreprise me demandaient récemment :« En quoi est-ce notre problème ? » ou bien affirmaient : « Cela relève de la lutte contre le blanchiment d’argent et non pas de la fraude. »
La réalité, c’est que le trafic d’êtres humains à des fins sexuelles représente une industrie qui rapporte plusieurs milliards de dollars. Il s’agit d’une activité très lucrative pour les organisations criminelles transnationales. Cette forme de génération de revenus se classe au deuxième rang après le commerce de la drogue. Quelles en sont les raisons ? Les stocks de drogues doivent être réapprovisionnés. Alors que les êtres humains, en revanche, peuvent créer des flux constants de revenus et ont une « durée de vie » plus longue que les drogues.
Ce qui est encore plus odieux, c’est que lorsque la capacité de production de revenus d’un être humain est diminuée, parce qu’il est devenu vieux, blessé ou malade, il sera vendu sur le marché du trafic d’organes. Des entreprises criminelles mettent en pièces des êtres humains tout comme ils le feraient avec des voitures, parce que leur valeur est plus élevée morts que vivants.
Une aide importante de la technologie
L’industrie du transport aérien et de nombreuses grandes chaînes hôtelières ont récemment commencé à former leur personnel à identifier et à signaler les victimes présumées de trafic humain. L’industrie du jeu est aussi un bon exemple d’un secteur qui s’efforce de faire le nécessaire. Quelques-unes des principales entreprises de jeu ont fait de la lutte contre le trafic d’êtres humains une valeur fondamentale en s’efforçant de former leurs employés aux moyens de repérer les signaux d’alarme relatifs au trafic humain.
Alors que c’est souvent la technologie de lutte contre le blanchiment d’argent qui détecte des comportements incohérents chez ses clients de casino, ce sont parfois les humains qui regardent comment leurs visiteurs se comportent, ce qui contrarie les trafiquants. Il est temps que les institutions financières, qui ont peut-être davantage accès aux données et à la technologie pour les passer au crible, ainsi que la plupart des organisations, créent leur propre programme spécifique pour participer à cette importante lutte.
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