L'habituelle brume commence à entourer sa maisonnette mais, ce soir, Marie-Thérèse Jean ne préparera pas comme à son habitude un repas chaud sur quelques bouts de charbon : son jardin a été ravagé par les torrents d'eau déversés par l'ouragan et elle n'a plus aucune réserve de nourriture.
"Mon petit champ de pois est fichu, et voyez les carottes, il ne reste rien", se lamente la femme de 56 ans devant le terrain aujourd'hui rempli de pierres. "J'ai perdu mes 10 animaux pendant la tempête : les cabris, le cochon, ils ont tous été emportés par l'eau" raconte Marie-Thérèse.
A Kenscoff, une commune située sur les hauteurs de l'agglomération de Port-au-Prince, chaque parcelle de terre disponible était exploitée par les habitants pauvres de la commune.
A plus de 1.500 mètres d'altitude, beaucoup de ces petits jardins alignés sur des pentes très raides ont été emportés au cours des heures de pluies diluviennes.
"On n'a donc plus rien à aller vendre dans la capitale mais le plus grave c'est que, depuis ce matin, je n'ai rien pu trouver à manger", se désole Marie-Thérèse qui vit avec sa fille et ses deux petits-fils.
Si la capitale Port-au-Prince a été relativement épargnée par l'ouragan Matthew, qui a ravagé le sud d'Haïti, son grenier, que représentait le massif de La Selle, est dévasté.
Sur le plateau qui domine le département de l'Ouest, où se situe la capitale, le parc national de La Visite a essuyé des rafales de vents à plus de 200Km/h.
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