Le collectif Pou Lagwiyann dékolé (« pour que la Guyane décolle «, en créole), qui pilote le mouvement social agitant la Guyane depuis bientôt trois semaines, a reculé dimanche 9 avril sur le blocage « total » du département, qu’il annonçait pour lundi, une mesure très critiquée au sein de la population.
Si tous les véhicules, à l’exception des engins d’urgence, seront bien empêchés de franchir les barrages érigés dans les villes, « on ne peut pas aujourd’hui faire des blocages pour empêcher les piétons, les vélos et les scooters de passer », a reconnu Olivier Goudet, un porte-parole de l’autre collectif à la tête du mouvement, 500 Frères contre la délinquance, interrogé par des journalistes.
Samedi, un membre du collectif avait ainsi annoncé la « fermeture totale, jusqu’à nouvel ordre », des barrages à partir de dimanche minuit.
Lire aussi : Mikaël Mancée, le « visage » de la révolte guyanaise
Mobilisation anti-barrages
La Guyane connaît depuis plus de deux semaines un mouvement social marqué par des revendications sécuritaires, sanitaires et éducatives. Une « grève générale illimitée » a été décrétée le 25 mars, paralysant l’activité économique. Le blocage du port de Cayenne provoque des pénuries, notamment de produits frais.
L’annonce du blocage total des barrages, jusqu’alors gérés avec une certaine souplesse, avait provoqué la mobilisation des opposants à la poursuite du mouvement.
Son durcissement a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, où une opposition semble apparaître à propos du maintien du blocage. « Il n’est pas tolérable de se voir refuser le droit de circuler librement sur le territoire. (…) Une partie de la Guyane a peur de s’exprimer », affirment les signataires d’une pétition en ligne qui a recueilli plus de 1 800 signatures. Plus de 2 000 internautes faisaient partie dimanche d’un groupe Facebook intitulé « Stop aux barrages en Guyane ».
La ministre hausse le ton
La ministre des outre-mer, Ericka Bareigts, a demandé dimanche au collectif de « lever les derniers barrages ». « Les enfants doivent pouvoir retourner à l’école dans un environnement apaisé. (…) L’économie guyanaise ne peut être ainsi fragilisée plus longtemps », a-t-elle déclaré lors d’une déclaration depuis Paris, retransmise sur Guyane première.
La Fédération du bâtiment et des travaux publics, qui s’est dite « prise en otage », a demandé à l’Etat d’« assurer sa mission de service public » en permettant la libre circulation sur le territoire. « D’ores et déjà, nous étudierons la possibilité de recourir au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) », a observé cette fédération, dans un communiqué.
Lire la suite : Guyane : le blocage du département ne sera que « partiel » - Le Monde