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Agriculteurs, BTP, éducation… le gouvernement s’emploie à circonscrire les conflits potentiels. Objectif : éviter une coagulation des mécontentements.

Christiane Lambert a offert, mardi 3 décembre, un petit rayon de soleil à l’exécutif. Alors qu’une partie de la France est menacée de paralysie en raison de la mobilisation contre la réforme des retraites, la présidente de la FNSEA, principal syndicat du secteur agricole, a rappelé que ses troupes ne s’associeront pas au mouvement.

« Si demain, 1 euro cotisé donne les mêmes droits à tout le monde, ça ne peut être que mieux pour les agriculteurs », a-t-elle déclaré depuis la cour de l’hôtel de Matignon. Il faut dire que Mme Lambert sortait d’un entretien rassurant avec le premier ministre, Edouard Philippe. A l’en croire, le chef du gouvernement aurait été très à l’écoute de ses revendications sur les zones d’épandage de pesticides, que les agriculteurs entendent préserver alors que les écologistes veulent les réduire. « Le premier ministre s’exprimera lui-même dans les prochains jours, pour dire que la science doit passer et que c’est la science qui doit faire référence », a déclaré la patronne de la FNSEA, sans ambiguïté.

Comme il vient de le faire avec les agriculteurs, l’exécutif s’emploie ces dernières semaines à circonscrire les conflits annexes à la bataille qui s’annonce massive, à partir du 5 décembre, sur les retraites. Objectif : éviter une coagulation des mécontentements, qui serait potentiellement désastreuse pour le pouvoir. « Le gouvernement et les ministres déminent secteur par secteur. Ils redonnent la vision d’ensemble. Et les parlementaires iront au contact pour rassurer sur les grands principes de la réforme des retraites », assure Pieyre-Alexandre Anglade, député (La République en marche, LRM) des Français de l’étranger.

Ministres démineurs

Lundi, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a ainsi « traité » la colère des représentants du BTP, remontés contre la suppression à venir de leur avantage fiscal en faveur du gazole non routier (GNR). Ces derniers ont bloqué pendant plusieurs jours cinq entrepôts pétroliers du Grand Ouest, faisant planer la menace de pénuries d’essence. Ils ont arrêté leur mobilisation après avoir obtenu, de leur propre aveu, des « avancées » de la part du patron de Bercy, même si un nouveau délai retardant la suppression de cet avantage fiscal ne leur a pas été accordé.

Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a lui aussi endossé le costume de démineur, alors qu’une forte mobilisation des enseignants était attendue le 5 décembre, avec un taux de grévistes moyen de 55 % dans les écoles pour l’ensemble de la France, et un pic de 78 % à Paris. La plupart des syndicats enseignants ont appelé à la grève, redoutant que la réforme des retraites ne pénalise leur profession si elle ne s’accompagne pas de revalorisations salariales. Des simulations alarmistes ont circulé dans le corps enseignant, agitant la menace de pertes de revenus pouvant aller jusqu’à 900 euros par mois.


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