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Pour Les Républicains, le mouvement des « gilets jaunes » était une aubaine. Dès les premières manifestations, les ténors de la droite lui ont apporté leur soutien. Une ardeur vite calmée par les violences. Ce revirement non assumé contribuera à la débâcle des européennes.

Pas de parka rouge ni de gilet jaune sur ces images-là. Ce samedi 17 novembre 2018, Laurent Wauquiez est vêtu d’une inhabituelle veste noire, une couleur qui convoque aujourd’hui une ombre prémonitoire sur son destin. Il est alors cette grande silhouette corbeau au milieu des chasubles fluorescentes rassemblées devant l’hôtel de ville du Puy-en-Velay, dont il a longtemps été le maire. Il se déplace d’un groupe à l’autre, multiplie les gestes de soutien, pression amicale sur le bras, tapotement sur l’épaule, sourcils froncés, air pénétré.

« Je suis là pour les soutenir et je suis là pour qu’ils soient entendus, explique-t-il devant la caméra de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Ce qui me fait de la peine, c’est que dans notre pays, aujourd’hui, pour être écouté, il faut faire ça. (…) Normalement, le gouvernement devrait les entendre. » Le ton se veut compréhensif, responsable, solennel, le patron des Républicains masque sa jubilation derrière une gravité de circonstance.

Ambiance à la fête

Ce n’est qu’en privé qu’il se laisse aller à sourire : quelle aubaine ce mouvement ! Moins d’un an après son élection à la tête du parti, il pense reprendre enfin la main. Emmanuel Macron paraissait indétrônable, la droite semblait encore meurtrie par la défaite de François Fillon, et voilà que la France des territoires, dont il se pose en ardent défenseur, se rebiffe ! Qui plus est sur les thématiques du pouvoir d’achat et de la fiscalité, ses marottes. Une bénédiction.

Entend-il alors ces discrets grognements dans la foule ? Celui de ce manifestant qui, au même micro, peste tout haut : « Ce n’est pas à un homme politique de venir. » Ou la plainte de cette femme qui le met dans le même sac que les autres, ces élus qui ne tiennent pas leurs promesses. Se doute-t-il que la partie ne sera pas aussi facile qu’il l’espère ?

En cet automne, chez Les Républicains, l’ambiance est à la fête. Ses dirigeants célèbrent les Français en colère qui semblent vouloir faire la peau au pouvoir en place. Le 17 novembre toujours, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti endosse un gilet jaune et prend la tête du cortège niçois fustigeant « une certaine élite » qui « ne comprend plus le peuple car elle s’est mise à le haïr ». Des propos dans la lignée de ceux de Laurent Wauquiez accusant Emmanuel Macron, quelques mois plus tôt dans le Journal du dimanche, de ne pas éprouver « un amour charnel pour la France ». Le même jour encore, c’est Guillaume Peltier, numéro 2 du parti, qui se pare de fluo pour manifester « contre les taxes Macron » et encourager « l’immense fronde des territoires ». Quant à Wauquiez, arpenter les ronds-points semble être devenu sa principale occupation : en moins de trois semaines, il rencontre les manifestants à dix-sept reprises.


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