Les combats en faveur des femmes de la gynécologue franco-libanaise Ghada Hatem se nourrissent des récits de ses patientes. Celle qui écoute et répare les femmes depuis 30 ans a créé une "Maison" pour elles, en Seine-Saint-Denis.
A chaque consultation, elle prend des notes. Pas simplement sur ce que les analyses médicales révèlent. Elle s'attache à demander à sa patiente "qui elle est, d'où elle vient" pour mieux la soigner.
"Prescrire des pilules, faire des frottis, ça atteint vite ses limites", dit-elle sans ambages, yeux bleus souriants et épaisse chevelure châtain.
Ce jour-là, elle transcrit notamment l'histoire de Soraya (ndlr: son prénom a été modifié), une Somalienne de 27 ans arrivée en France en juin au terme d'un long périple. Enfant, son corps a été mutilé: ses organes génitaux externes ont été coupés, son vagin cousu afin d'empêcher toute relation sexuelle hors mariage.
Puis un mari lui a été imposé. Pas question de l'emmener à l'hôpital, l'époux devait l'"ouvrir" lui-même, raconte Soraya à l'AFP avec une colère rentrée. Après plusieurs jours de supplice, elle s'est enfuie. Le Dr Hatem opérera en septembre la demandeuse d'asile, déterminée à avoir une sexualité avec l'homme de son choix.
En arrivant il y a six ans à l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis, au nord de Paris, le Dr Hatem a été confrontée à ces récits: 14% des femmes qui y accouchent sont excisées. Et beaucoup sont sans papiers ni ressources, mal logées, isolées...
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