Dans le huis clos de sa garde à vue à la police judiciaire de Nice, Killian, 16 ans, s'explique, longuement, méthodiquement sans chercher à esquiver sa responsabilité. L'auteur de la fusillade du lycée Tocqueville à Grasse (Alpes-Maritimes) ne semble cependant pas avoir pris conscience de la gravité de son geste, contrairement à ses parents décrits comme «effondrés» de source proche de l'enquête.
Jeudi, Killian a ouvert le feu — on a dénombré entre 10 et 20 tirs — dans son lycée faisant une dizaine de blessés légers, dont le proviseur, touché au bras. Le comportement héroïque de ce dernier a permis d'éviter un drame. Pour les enquêteurs, le mobile ne fait plus de doute. C'est bien la vengeance qui aurait donné à l'adolescent l'envie de s'en prendre à plusieurs de ses camarades sur lesquels il faisait une fixation.
Son meilleur ami interpellé
Killian aurait emprunté ses armes — un fusil de chasse, un pistolet d'alarme et un revolver de calibre 22 long rifle — à son père et à son grand-père. Quant à son explosif artisanal, composé de poudre noire, il n'a pas fonctionné. L'adolescent a-t-il bénéficié de complicités ? Vendredi en garde à vue, il avait à coeur de dédouaner son meilleur ami, Lucas, arrêté à la mi-journée après un appel à témoins. Les enquêteurs veulent cerner le type de relations qu'il entretenait avec cet ancien camarade de collège de son âge.
Vendredi, alors que le lycée Tocqueville était fermé, de nombreux élèves ont souhaité revenir sur le théâtre de la fusillade de la veille. «La nuit n'a pas été facile, les événements sont ancrés dans ma mémoire, admet Mathilde, 17 ans, élève en terminale L. J'entends encore le bruit, les hurlements, les consignes pour se sauver. Ça va me faire du bien de me confier, d'être écoutée.» Pour cette matinée forcément particulière, une cellule d'aide psychologique a été mise en place.
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