«Ma fille n'avait pas à finir comme ça. Elle était gentille, adorable, souriante. Beaucoup de gens la connaissait comme ça. Ce qu'ils ont fait, c'est inimaginable, horrible.» Le père de Sophie Lionnet, jeune fille au pair retrouvée morte le 20 septembre dans le jardin d'une maison près de Londres, s'est confié mercredi au micro de RTL. Patrick raconte sa stupéfaction quand il a appris la terrible nouvelle à la télévision après avoir été réveillé par les gendarmes. «Trois jours sans dormir, il faut tenir le choc», explique-t-il, précisant aujourd'hui être pris en charge médicalement. «On n'attend qu'une chose: le retour de ma fille et faire le deuil, si on peut.»
Le corps présumé de Sophie Lionnet, 21 ans, a été retrouvé il y a une semaine chez le couple franco-algérien qui l'employaient. Il n'a pas encore pu être formellement identifié. Ce sont les voisins qui ont alerté les autorités, intrigués par une épaisse fumée émanant d'une propriété située à Southfields, dans la banlieue sud-ouest de Londres. Les employeurs, Ouissem Medouni, 40 ans, et Sabrina Kouider, 34 ans, ont été mis en examen vendredi pour meurtre. Interrogés mardi depuis leurs établissements pénitentiaires, les deux suspects ont seulement confirmé leur identité. Sabrina Kouider a néanmoins nié les faits énoncés par le procureur: «J'ai rien fait. Je n'ai jamais tué.» Leur procès devrait s'ouvrir le 12 décembre.
La victime s'apprêtait à rentrer en France. La jeune fille au pair, originaire de Troyes, était à Londres depuis 14 mois pour y apprendre l'anglais. Elle s'occupait sur place des deux enfants du couple, âgés de 3 et 6 ans, et ne touchait qu'un maigre salaire de 56 euros par mois «Dès qu'on abordait le sujet de l'argent, elle éludait...» raconte au Parisien une amie Roxane. «Elle nous faisait croire que tout allait bien pour ne pas nous inquiéter», ajoute-t-elle. «Je n'avais pas d'appels au secours», explique le père de la victime. Il précise que Sophie lui avait tout juste fait état de tensions dans le couple. «Mais dans quelle famille il n'y a pas de tensions?»
Le meurtre présumé a provoqué une vive émotion parmi les jeunes au pair travaillant au Royaume-Uni. Cette affaire met en lumière les difficultés parfois rencontrées par ces femmes, souvent très jeunes et sans expérience, qui travaillent et habitent dans des familles à l'étranger, a déclaré à l'AFP Victoria, 21 ans, à l'origine d'une page Facebook ouverte en hommage à Sophie Lionnet, recueillant les témoignages émus d'anciens proches de la victime. «Malheureusement, à court terme, il n'est pas possible d'améliorer considérablement les conditions de vie des au pair, c'est à elles de redoubler de vigilance et d'avoir la force de quitter leur famille d'accueil si cela se passe mal. En revanche, à plus long terme, j'ose espérer qu'une reconnaissance juridique plus précise encadrera le travail des au pair», espère cette au pair à Warlingham, près de Londres.