Entre 2011 et 2018, les sanctions prononcées ont rapporté 4,5 milliards d’euros à l’Etat, tandis que les surcoûts évités, notamment par les consommateurs, ont atteint 9,5 milliards.
L’Autorité de la concurrence est un acteur de plus en plus fort et reconnu dans le monde économique. C’est l’un des principaux messages que sa présidente, Isabelle de Silva, a voulu faire passer, mardi 9 juillet, en présentant le rapport annuel de cette instance créée en 2009 pour traquer les pratiques antitrust et formuler des avis qui peuvent influencer la politique gouvernementale.
Ce rôle de « gendarme de la concurrence » se lit dans les chiffres. Entre 2011 et 2018, le « gain pour l’économie » de ses décisions s’est élevé à 14 milliards d’euros, indique l’Autorité dans ce premier bilan inédit : 4,5 milliards au titre des sanctions pour violation des règles (dont 237 millions en 2018) et 9,5 milliards pour les surcoûts évités aux entreprises et aux consommateurs.
Les condamnations dans les secteurs des télécoms, des produits d’hygiène et d’entretien, des appareils électroménagers et de la fourniture d’énergie expliquent ces résultats. La sévérité des sanctions financières, prononcées par l’Autorité et la justice, « renforce le risque pour les entreprises, et donc la dissuasion », assure Isabelle de Silva.
Son objectif n’est certes pas de freiner le mouvement des mariages d’entreprises. Ainsi a-t-elle simplifié les démarches, surtout en lançant une procédure entièrement en ligne pour qu’elles puissent notifier ces concentrations. L’institution n’en reste pas moins vigilante, tout particulièrement dans certains secteurs, comme les centrales d’achat des grandes enseignes de la distribution. Dans la loi agriculture et alimentation dite « Egalim », votée fin 2018, elle a obtenu plus de pouvoirs de contrôle et peut désormais bloquer une opération et en modifier le contenu.
S’adapter à la rapidité de l’économie numérique
L’Autorité doit aussi s’adapter à la rapidité de l’économie numérique, bien consciente que les plateformes ont « la capacité d’organiser des ententes ». Sans freiner l’innovation, elle estime que « la régulation a un rôle important à jouer pour que les géants du numérique [Apple, Google, Facebook, Amazon…] respectent les règles du jeu concurrentiel et ne s’en exonèrent pas au motif qu’ils seraient mondiaux ». Isabelle de Silva aurait aimé que ses services puissent contrôler une opération comme le rachat de WhatsApp par Facebook pour 20 milliards d’euros. Au moins s’achemine-t-on, selon elle, « vers une régulation coordonnée des plateformes en ligne au niveau européen ».
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