La procureure, qui part à la retraite, a su se saisir de dossiers sensibles et imposer sa méthode, pour faire taire la plupart des critiques qui ont accompagné la création de cette structure après l’affaire Cahuzac.
C’est la première fois qu’on retient le nom d’un procureur comme symbole de la lutte contre la grande délinquance économique et financière. Jusqu’ici, les magistrats sortis de l’anonymat de la bataille contre des fraudeurs en col blanc ou la corruption avaient été des juges d’instruction.
Eliane Houlette, partie à la retraite vendredi 28 juin, a réussi à imposer en cinq ans dans le paysage judiciaire le Parquet national financier (PNF), cette institution toute neuve, créée en 2013 dans le chaos de l’affaire Cahuzac et installée en mars 2014. Cette innovation était alors accompagnée de scepticisme et de questions. Une justice spécialisée serait-elle plus efficace ? Sur des sujets aussi sensibles, la nouvelle procureure serait-elle indépendante du pouvoir qui l’avait nommée ? Serait-elle suffisamment courageuse et solide face aux pressions politiques et aux coups de boutoir des lobbys et des meilleurs cabinets d’avocats de Paris ?
A l’heure du bilan, les critiques semblent s’être tues. Eliane Houlette est celle qui a ouvert une enquête préliminaire contre François Fillon, celle qui a obtenu la première condamnation spectaculaire d’une banque suisse (UBS) en France pour blanchiment de fraude fiscale et imposé une convention judiciaire d’intérêt public à HSBC, celle qui a coopéré avec le redouté Department of Justice (DOJ) américain dans l’affaire de la Société générale(soupçons de manipulation d’un taux interbancaire et de corruption en Libye). Elle s’est aussi attaquée à la FIFA, la toute-puissante Fédération internationale du foot, et a obtenu la première condamnation dans l’affaire des biens mal acquis (Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale a été condamné à trois ans de prison et 30 millions d’euros d’amende en 2017).
« Superactif et offensif »
« On avait salué la création du PNF comme un lieu-clé pour lutter contre la corruption et les manquements à la probité, on n’a pas été déçus, dit Marc-André Feffer, président de l’association anticorruption Transparency France. Le PNF a été superactif et offensif, et son choix de recourir aux transactions pénales, très critiqué au départ, a accéléré le passage à la sanction. Il a crédibilisé l’action judiciaire. »
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