Le chef de l’Etat, qui a construit sa victoire en 2017 sur sa capacité à rallier des personnalités politiques de tous bords, peine désormais à convaincre.
Les pleurs ont séché pour laisser place à une rage froide. Jeudi 9 mai, dans le studio d’Europe 1, Gérard Collomb n’est plus ce patriarche ému qui versait une larme au moment de la passation de pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017. « Le président me dit aujourd’hui qu’il a besoin de moi. J’espère que ça va continuer dans l’avenir », grince le maire de Lyon, venu soutenir du bout des lèvres la liste européenne de son ancien protégé.
Une distance s’est installée entre les deux hommes. A cause de l’affaire Benalla, du manque d’écoute supposé du chef de l’Etat, des municipales lyonnaises à venir… A tel point que leurs contacts sont devenus rares. « Je vois qu’ils se renouent quand les temps deviennent difficiles, soupire le septuagénaire. Peut-être suis-je un homme des temps difficiles. Lorsque nous avions commencé la campagne, nous n’étions pas si nombreux pour porter sa candidature. »« Entre Collomb et Macron, c’était une histoire très affective, il y avait quelque chose qui ressemblait à une filiation », relève un proche du chef de l’Etat. Le dépit amoureux a depuis tout emporté.
En 2017, Emmanuel Macron avait construit sa victoire sur une capacité de séduction à nulle autre pareille. Hommes, femmes et alliés tombaient dans son escarcelle, semaine après semaine. Les uns, comme Gérard Collomb ou Edouard Philippe, quittaient leurs anciennes affectations partisanes, à gauche et à droite. Les autres, comme Nicolas Hulot, franchissaient le pas de l’engagement politique en devenant ministres. Tous racontaient alors cet art de la persuasion si particulier que le jeune quadragénaire pouvait exercer en tête à tête.
« Il pourrait séduire une chaise »
« Emmanuel, ce que j’aime chez lui, c’est son cynisme absolu. Il rend les gens amoureux de lui », sourit un de ses amis, lui-même conquis. On ne compte plus le nombre de ses interlocuteurs qui se sont sentis uniques après avoir reçu un petit mot de sa part sur la messagerie Telegram. « Comment tu sens les choses ? », « Tu es formidable ! ». Ou, pour ceux que le président de la République n’a pas eu l’occasion de voir depuis longtemps : « Tu me manques. »« Il pourrait séduire une chaise », écrivait à son propos le romancier Emmanuel Carrère dans les colonnes du quotidien britannique TheGuardian, à l’automne 2017.
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