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La mesure répond à une demande répétée des alliés communistes de la maire socialiste.

Le métro, le RER, le bus et le tramway vont-ils devenir gratuits à Paris, au moins pour les jeunes ? Ecartée par la maire socialiste Anne Hidalgo en janvier 2019, la proposition revient à l’ordre du jour. « L’extension de la gratuité des transports en commun pour tous les Parisiens de moins de 18 ans » constituera l’une des mesures phares du programme d’Anne Hidalgo à sa réélection, a annoncé dimanche 5 janvier son premier adjoint Emmanuel Grégoire dans un entretien au Journal du dimanche. Elle « sera mise en œuvre dans les mois qui viennent si les Parisiens décident de poursuivre avec nous », promet-il, avançant déjà des modalités précises : il s’agira « d’une carte Navigo gratuite, sans avance à débourser ».

A peine dévoilé, le projet a déclenché l’enthousiasme des alliés de la maire sortante, en particulier des communistes. Bientôt gratuits pour les jeunes, les transports en commun le seront « à terme pour tous », anticipe déjà Jacques Baudrier, un des élus du Parti communiste (PCF) de Paris. Mais sur les réseaux sociaux, cette « avancée » suscite aussi beaucoup de critiques : « gratuits » signifie « payés par le contribuable », soulignent certains.

Cette mesure est « démagogique et négative », commente sur Twitter Jean-Marc Janaillac, ancien dirigeant de la RATP et patron d’Air France-KLM, aujourd’hui président de la Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises. « Les transports publics ont besoin de financement pour augmenter l’offre, ajoute-t-il. Réduire les ressources, c’est les appauvrir. Offrir la gratuité aux enfants des cadres sup parisiens, c’est antisocial. La gratuité aux jeunes ou aux vieux quelque soit leur revenu est absurde. »

En mars 2018, Anne Hidalgo avait déjà brandi l’idée pour l’ensemble des usagers. Mais après avoir fait expertiser le dossier par ses adjoints, elle avait renoncé. La gratuité totale aurait en effet coûté cher à la collectivité (3,3 milliards d’euros) pour un impact marginal sur l’environnement. Elle n’aurait pas suffi à faire changer le comportement des automobilistes, bien plus attentifs au temps de parcours qu’au prix. En revanche, la mesure risquait d’inciter de nombreux piétons et cyclistes à se tourner vers les transports publics, ce qui aurait aggravé la saturation du réseau.

Décisions très ciblées

A l’époque, Valérie Pécresse, présidente (ex-Les Républicains) de la région, et à ce titre première responsable des transports en Ile-de-France, avait elle aussi commandé une étude sur le sujet, et abouti à une conclusion encore plus catégorique : « La gratuité ne répondrait à aucun des enjeux d’une mobilité durable en Ile-de-France. »

En 2019, la maire de Paris s’est donc contentée de décisions très ciblées. C’est ainsi qu’en septembre, le Pass Navigo, déjà gratuit pour les enfants de moins de 4 ans, l’est devenu jusqu’à 11 ans, ainsi que pour les moins de 20 ans handicapés. 

A deux mois et demi des municipales, l’idée de développer la gratuité resurgit donc, notamment sous la pression des communistes, avec qui Anne Hidalgo présentera en mars des listes communes dans tous les arrondissements. Le PCF milite depuis des années pour que les transports en commun soient gratuits, afin d’améliorer le pouvoir d’achat des familles. Historiquement très attaché à la RATP et la SNCF, le parti voit aussi la gratuité comme un élément d’une politique globale, une forte hausse des flux d’usagers accompagnant et justifiant un renforcement important du réseau de transports publics.

En ce domaine, les alliés communistes d’Anne Hidalgo ont été doublement entendus. Ils ont obtenu le lancement d’une étude sur la création d’une rocade de métro au sud de Paris. Et aujourd’hui, la maire leur garantit une – petite – extension de la gratuité. Sous réserve, évidemment, qu’ils soient réélus ensemble.


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