Le dépôt des candidatures est clos depuis vendredi soir, donnant le véritable départ de la campagne. Détails des listes, enjeux, mode de scrutin... tout ce qu’il faut savoir sur les élections européennes du 26 mai.
Le véritable départ de la campagne des élections européennes du 26 mai est donné. Et la première surprise réside dans le record absolu de candidatures pour cette édition. A l’heure de la clôture du dépôt des candidatures, vendredi 3 mai, pas moins de trente-trois listes ont été officiellement enregistrées.
Trente-trois listes, un record
Aux dernières élections européennes de 2014, 193 listes avaient été enregistrées mais le scrutin, alors, était organisé dans huit circonscriptions interrégionales, sept métropolitaines et une outre-mer. Ce qui donnait une moyenne de vingt-quatre listes par circonscription. Depuis, la loi du 25 juin 2018 a rétabli une circonscription unique. La dernière fois que cela avait été le cas, en 1999, vingt listes étaient en lice et c’est celle du PS, emmenée par François Hollande, qui était arrivée en tête avec 22 % des suffrages, tandis que le RPR de Nicolas Sarkozy en obtenait 12,7 % et le FN de Jean-Marie Le Pen 5,7 %. En 2014, en totalisant près de 25 % des voix, le Front national triomphait, devançant largement l’UMP (20,8 %) et le PS (14 %).
Le match pour la première place
Les intentions de vote à trois semaines du scrutin sont insuffisamment cristallisées pour que se dégage un ordre d’arrivée. A peine plus de la moitié des personnes interrogées manifestent leur intérêt pour la campagne et seulement quatre sur dix leur intention de voter. Néanmoins, depuis un an, tous les sondages accordent une avance substantielle aux listes de La République en marche (LRM) et du Rassemblement national (RN). Un match que, de part et d’autre, chacun s’efforce d’installer dans l’opinion publique.
Pour Emmanuel Macron, il est essentiel, tant sur le plan politique intérieur que pour conforter sa crédibilité sur la scène européenne vis-à-vis de ses partenaires, que la liste conduite par Nathalie Loiseau arrive en tête. Marine Le Pen, quant à elle, entend bien reproduire son succès de 2014 et imposer le RN non seulement comme la première formation d’opposition mais comme le « premier parti de France ». Depuis des mois, les enquêtes d’opinion les donnent au coude à coude, entre 20 % et 25 % selon les fluctuations, avec une légère avance pour LRM. Jusqu’à ces derniers jours, car certains instituts ont enregistré un croisement des courbes entre les deux listes, reflétant un début de campagne délicat pour l’ex-ministre des affaires européennes. Les écarts, toutefois, restent contenus dans la marge d’erreur. Trop faibles, donc, pour en tirer quelque conclusion que ce soit.
La troisième marche
Le début de campagne de François-Xavier Bellamy semble sourire à la liste présentée par Les Républicains, qui enregistre un frémissement dans les intentions de vote, autour de 14 %. Celui-ci reste cependant modeste : depuis un an, la courbe moyenne des enquêtes d’opinion n’avait jamais donné la formation dirigée par Laurent Wauquiez en dessous de 12 %. En tout état de cause, elle reste bien loin des 20 % de voix recueillis au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 par François Fillon ou des 21 % de l’UMP aux élections européennes de 2014. Pour LR, l’objectif est d’essayer de recoller au peloton de tête pour pouvoir affirmer que « la droite est de retour ». Les centristes de l’Union des démocrates et indépendants ont décidé de faire cavalier seul en présentant une liste conduite par Jean-Christophe Lagarde, qui tentera de franchir la barre des 3 % nécessaire au remboursement des frais de campagne.
La gauche en ordre dispersé
La gauche se présente façon puzzle, avec l’assurance de sortir de l’élection encore plus éparpillée. Deux formations, La France insoumise, avec Manon Aubry en tête de liste, et Europe Ecologie-Les Verts, derrière Yannick Jadot, jouent des coudes pour atteindre la barre des 10 % ou, au moins, remporter le sprint de ce groupe des relégués. L’enjeu est important pour le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui avait obtenu 19,6 % au premier tour de l’élection présidentielle, s’il veut parvenir à ancrer sa perspective d’une « fédération populaire ».
Un ton en dessous, la liste du Parti socialiste et de Place publique, emmenée par Raphaël Glucksmann, et celle de Génération.s, conduite par Benoît Hamon, se disputent les restes de l’héritage socialiste avec pour modeste ambition, chacune, de devancer l’autre et de franchir la barre des 5 % assurant une représentation au Parlement européen. Dans ce paysage morcelé, le Parti communiste français présente également une liste. Son chef de file, Ian Brossat, a fait une entrée remarquée dans le débat, mais il n’est pas sûr que cela soit suffisant pour dépasser le seuil des 3 %.
A un niveau plus modeste, réapparaissent, comme à chaque élection, l’insubmersible Lutte ouvrière et sa tête de liste Nathalie Arthaud. Tandis que se mêle également au jeu une liste Urgence écologie, conduite par l’universitaire Dominique Bourg et sur laquelle figure en avant-dernière position l’ancienne députée socialiste Delphine Batho.
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