A la cour d’assises de Moselle (Metz),
Revenir au point de départ de la « Route du crime ». A cet endroit qui a vu naître Francis Heaulme. Où il a tenté, un soir, de déterrer le corps de sa mère car il ne supportait pas son absence. Le long de cette rivière où il a fait de Lyonelle Gineste, 17 ans, sa première victime avant de partir ensanglanter le Var, le Finistère et le Nord en passant par la Marne.
Revenir donc devant la cour d’assises de Moselle pour savoir si, avant d’entamer cette errance macabre, Francis Heaulme n’a pas tué d’autres personnes dans son fief. A partir de ce mardi et pendant quatre semaines, le tueur en série va être jugé pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz. Celui de Cyril Beining et d’Alexandre Beckrich, deux enfants de huit ans découverts le crâne fracassé à coups de pierre sur le talus d’une voie SNCF désaffectée, un dimanche de septembre 1986.
En 30 ans, les charges se sont accumulées contre lui
C’était il y a plus de trente ans. Le temps nécessaire pour innocenter Patrick Dils, mettre hors de cause Henri Leclaire et faire finalement de Francis Heaulme le suspect numéro un. Trois décennies au cours desquelles le dossier judiciaire a eu le temps de s’épaissir des charges pesant contre lui.
Il y a d’abord le fait que Francis Heaulme travaillait comme manœuvre à 400 mètres de la scène de crime. Puis, le témoignage de deux pêcheurs qui ont raconté l’avoir pris en stop le dimanche tragique alors qu’il avait le « visage en sang ». Et enfin, l’interrogatoire dans lequel il a reconnu, lui-même, avoir croisé deux enfants qui lui jetaient des pierres depuis un talus. Conclusion des enquêteurs ? Cette affaire porte sa « quasi-signature criminelle ».
Un peu trop pour Liliane Glock, son avocate. « La personnalité et la ‘’carrière’’ de Francis Heaulme ont jeté de la poudre aux yeux de beaucoup de monde, déplore-t-elle. Son nom est apparu dans le dossier, pour la première fois, en 1997. Cela fait plus de vingt ans qu’on tente de prouver sa culpabilité. C’est bien que les choses ne sont pas aussi simples… »