De notre correspondant à Washington.
Quelques heures avant de proclamer mardi soir devant le Congrès que «notre Union est forte parce que notre peuple est fort», Donald Trump avait fait une confidence aux représentants des grandes chaînes américaines invités à déjeuner à la Maison Blanche. Durant sa première année de présidence, il a découvert que pour gouverner il fallait «du cœur», alors que dans les affaires il suffit d'avoir «de la tête».
Cette révélation s'est traduite lors de son premier discours sur l'état de l'Union par des appels inédits à l'union. «J'en appelle à tous, mettons nos différences de côté, recherchons un terrain d'entente et faisons émerger l'unité dont nous avons besoin pour servir le peuple qui nous a élus», a déclaré Trump. «Ceci est notre nouveau moment américain, a-t-il ajouté. Il n'y a jamais eu de temps meilleur pour commencer à vivre le rêve américain. Ce soir je veux parler du futur que nous aurons, de la nation que nous allons être. Nous tous, ensemble, comme une équipe, un peuple et une famille américaine.»
Ces incantations se superposent à un programme populiste applaudi plus de 115 fois par des républicains euphoriques, durant une heure et vingt minutes de discours retransmis sur toutes les chaînes américaines. Réaffirmant sa «vision claire» et sa «juste mission», le président est longuement revenu sur les «progrès incroyables» et les «extraordinaires succès» de sa première année au pouvoir. Il a flatté sa base avec des couplets déjà entendus sur la liberté religieuse, le salut du drapeau et le droit d'être armé. Mais il a aussi promis de faire baisser le prix des médicaments, de s'occuper des prisons pour donner «une deuxième chance aux détenus» et d'investir dans la formation professionnelle. Il a en outre plaidé pour la légalisation de 1,8 million d'illégaux arrivés mineurs dans le pays. Une proposition qui passe mal auprès de sa base.
Après une première année focalisée sur des sujets clivants, Donald Trump a «tendu la main» aux démocrates pour mener à bien ses deux projets majeurs en 2018. Son plan pour développer des infrastructures publiques «sûres, rapides, fiables et modernes», évalué à «au moins 1.500 milliards de dollars», exigera 60 voix au Sénat, où sa majorité n'en a que 51. «Notre économie en a besoin et notre population le mérite», a-t-il déclaré. De même pour sa politique d'immigration «concentrée sur les intérêts des travailleurs et des familles d'Amérique». Le président a paru en résumer l'enjeu aux crimes des gangs latinos comme le MS-13, dont il avait invité des parents de victimes dans l'assistance. «Il est temps d'avancer vers un système d'immigration au mérite», a-t-il affirmé.
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