Helsinki (AFP) - Pour une heure de travail, Juha Järvinen devait remplir des tonnes de paperasse et son indemnité chômage était grevée. Grâce à l'allocation universelle mise au banc d'essai en Finlande, ce père de famille nombreuse espère un nouveau départ.
Prévue pour durer deux ans à partir du 1er janvier, l'expérience concerne 2.000 inscrits au chômage percevant de modestes indemnités. En cas de succès, l'allocation pourrait être généralisée, mais le montant et les modalités d'octroi restent à arrêter.
Le "revenu de base" finlandais, fixé à 560 euros mensuels, s'apparente moins au revenu de subsistance, défendu notamment en France par le candidat à la primaire socialiste Benoît Hamon, qu'au revenu solidaire d'activité (RSA), censé inciter les chômeurs à reprendre une activité.
Père de six enfants, Juha Järvinen, 37 ans, touchera cette somme sans condition, en plus de ses allocations familiales (800 euros) et de son salaire... s'il travaille.
La Sécurité sociale assure qu'aucun des participants n'y perd financièrement.
- Inciter les chômeurs -
Juha Järvinen est convaincu que la garantie d'un revenu minimum -- auquel viendront s'ajouter ses éventuels revenus du travail -- changera la donne. "Il y a cinq ans, mon entreprise a fait faillite et depuis, je n'attends que de m'y remettre". Mais "les petites sommes gagnées sont décomptées" des indemnités chômage, explique-t-il.
Évoquant une période de sa vie "humiliante", cet habitant de Kurikka (ouest) a fini, découragé, par refuser les petits boulots ou les emplois à durée déterminée qui lui étaient proposés. Ils ne lui rapportaient pas davantage que ses indemnités.
Sa femme, aide-soignante, a pourvu aux besoins du couple et de leurs six enfants. Pas de quoi faire d'extras dans un pays dont l'Etat-providence est l'un des plus généreux au monde mais où le coût de la vie est élevé.
Présentée comme un levier pour inciter les chômeurs à reprendre pied sur le marché du travail, l'allocation universelle fait l'objet d'un large consensus au sein de la classe politique finlandaise.
Les électeurs sont plus partagés. Ceux de gauche la plébiscitent, certains jugeant même insuffisant le montant testé. Ceux de droite y voient un risque que les bénéficiaires s'enfoncent dans l'inactivité.
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