Le courant transhumaniste est de moins en moins marginal : il fait son nid dans nos esprits et son apparition sur nos corps, donnant l’impression d’être inéluctable. Ce qui nous force à réfléchir à ce qu’est l’être humain aujourd’hui.
"Ce n'est plus de la science-fiction. L'homme se robotise et le robot s'humanise... et tout cela préfigure le post-humanisme !", affirme maître Xavier Labbée, président de l'Institut du droit et de l'éthique de Lille, qui a dirigé l'ouvrage L'homme augmenté face au droit (Presses universitaires du Septentrion, 2015). Il est vrai que les innovations de l'année 2017, de l'implant cérébral visant à booster la mémoire au muscle synthétique surpuissant imprimé en 3D en passant par le premier médicament connecté autorisé sur le marché aux États-Unis, n'auraient pas dépareillé dans un roman futuriste, contant un monde peuplé d'humanoïdes augmentés à force d'implants et de prothèses bioniques.Toutes ces évolutions technologiques plus ou moins abouties, qui accroissent çà et là les capacités de l'être humain sans toujours suivre une finalité médicale, ne sont pas anecdotiques. Elles dessinent le rapport humains-machines du XXIe siècle et nous forcent à le structurer, du moins à le penser. "On peut considérer qu'elles posent des questions sur le statut de l'humain", appuie l'historien Franck Damour, de la chaire "Éthique et transhumanisme" de l'Université catholique de Lille.
Cheval de Troie
"De plus en plus d'individus considèrent que l'avenir souhaitable pour l'humanité consiste en un dépassement de ses conditions biologiques actuelles. Or jamais les technosciences n'ont été autant à même de métamorphoser les fantasmes en réalité", écrivait Christian Godin, maître de conférences en philosophie à l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, dans son essai Le Triomphe de la volonté (Champ Vallon, 2007).
Certes, l'arrivée des cyborgs n'est pas pour demain. Le chercheur au CNRS Nathanaël Jarrassé nous invitait ainsi à redescendre sur terre en soulignant, dans une tribune de 2014, qu'il n'existait "parmi les prothèses corporelles disponibles actuellement, rien de permanent, rien de 'fusionné' avec le corps ni rien de réellement contrôlable par la 'pensée'."
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