Autreville (France) (AFP) - Dans leur petit atelier des Vosges, dans l'est de la France, Christel et Muriel Nex sont depuis plusieurs mois à l'ouvrage. Entourées de terre et de pinceaux, ces deux soeurs sont parmi les derniers artisans à fabriquer, entièrement à la main, les fèves qui garniront les galettes des rois.
Agées de 48 et 51 ans, elles ont repris les pinceaux de leurs parents tombés là-dedans un peu par hasard dans les années 1990. Leur père, artiste-artisan à ses heures, avait commencé par quelques fèves. Sa femme l'avait rapidement rejoint. Quand les parents ont passé le relais, ils fabriquaient entre 40 et 50.000 fèves chaque année. Leurs filles ont maintenu la production.
La cadette, qui a consacré deux années à apprendre auprès de son père, a fini par reprendre la boutique en 2005. Pour "perpétuer ce qu'ils nous ont appris. Et les gens apprécient puisqu'ils viennent à nous", dit-elle.
Plus que de boutique, il faudrait parler d'atelier: on ne vient pas par hasard acheter une ou deux fèves à Autreville. Des boulangers et pâtissiers de la France entière passent leurs commandes ici, en demandant des dessins particuliers ou en choisissant parmi les créations des deux s?urs. Et le reste de l'année, Christel et Muriel Nex écument les salons pour collectionneurs, avides de leurs raretés.
"Il n'y a pas deux fèves avec le même coup de pinceau", fabrication main oblige, rappelle Christel, et il n'y aura a priori jamais plus de fèves que ce qu'elles produisent aujourd'hui. "On n'a pas de machine: tout est fait avec nos mains. Donc si on veut garder la même qualité, on ne peut pas augmenter le volume".
Ce qui n'empêche pas d'innover. "Chaque année, on essaie d'avoir dans nos collections des sujets, des thèmes différents", explique Christel. "Mais on aime bien avoir à chaque fois un sujet sur la Lorraine", où est basé l'atelier, "et des sujets plus colorés pour les enfants".
- Travail d'orfèvre pour prix secret -
Dans le petit atelier des Vosges, plusieurs jours sont nécessaires pour fabriquer une fournée de fèves, de la création à partir de la terre jusqu'à l'émaillage et la cuisson finale. "Il y a en moyenne une vingtaine de manipulations par fève", expliquent les s?urs.
Il faut d'abord imaginer le dessin, puis passer à la conception du moule, qui est la phase la plus délicate car celui-ci doit non seulement être façonné mais aussi avoir la bonne consistance: trop liquide il ne tient pas, trop humide il fait perdre à la terre la forme souhaitée par les deux créatrices.
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