Souvent montrés du doigt, victimes de préjugés, un nombre considérable de fonctionnaires en France subissent pourtant une véritable souffrance au travail. Même si on veut limiter le risque de casse sociale au seul programme de François Fillon, c'est oublier un peu rapidement que ce sont surtout de nombreux problèmes organisationnels et structurels qui menacent les acteurs du service public. Plongée au coeur du quotidien de ces millions de Français.
Atlantico : Travailler dans le secteur public c'est aussi se confronter à de nombreuses embûches. Quotidiennement, des milliers de fonctionnaires sont confrontés à de profonds problèmes structurels et organisationnels, comme l'absence de missions claires illustrés par de nombreux témoignages. Quelle est la réalité aujourd'hui au niveau du management de la fonction publique ?
Eric Verhaeghe : Il est évidemment un peu hasardeux de tirer des leçons générales, ou de dresser des portraits trop "carrés" du management public. Les pratiques y sont diverses. En revanche, il est acquis que le management est, plus qu'ailleurs, confronté à des injonctions paradoxales. D'un côté, il existe des objectifs, des politiques à mettre en place ou à décliner. De l'autre, le service public a érigé en religion la doctrine du "pas de vague". L'absence de conflit ou l'esquive du conflit est un art consommé et une valeur importante dans les administrations. Cette particularité explique que beaucoup de managers publics aient le même profil à l'eau tiède, très obsédé par le formalisme hiérarchique et assez peu enclin à encourager l'innovation ou la prise de risque. D'où ce sentiment de flou: quand votre objectif principal est d'être consensuel et de ne pas susciter de conflit, vous vous approchez très vite de l'immobilisme.
Un rapport sénatorial montre que les démissions des enseignants sont en forte hausse depuis 2012 (voir ici). Quelles sont les réalités de ces postes (...)lire la suite sur Atlantico