Dès le début de la pandémie de Covid-19, la perte de l'odorat s'est avérée être l'un de ses symptômes les plus courants. Cependant, les mécanismes en jeu dans l'anosmie n'étaient pas élucidés jusqu'à présent. Une équipe de chercheurs français a cerné leurs fonctionnements aux différents stades de la maladie. Le SARS-CoV-2 infecte les neurones sensoriels et provoque une inflammation persistante de l'épithélium et du système nerveux olfactif, mais pas seulement...
La Covid-19, causée par le virus SARS-CoV-2 est principalement une maladie respiratoire mais de nombreux patients présentent des symptômes extra-respiratoires. Parmi ceux-ci, une perte soudaine de l’olfaction chez les personnes infectées par le SARS-CoV-2 a été signalée dans le monde entier dès le début de la pandémie. Le rôle direct du virus dans l'anosmie est resté jusqu'ici incertain. L'une des hypothèses communément admises jusqu'à ce jour était qu'un œdème transitoire au niveau des fentes olfactives empêchait le passage de l'air qui amène les molécules odorantes vers les cellules nerveuses olfactives (la fameuse sensation du « nez bouché » lors d'un rhume classique).
Dans une nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine, le 3 mai 2021, des chercheurs de l'Institut Pasteur, du CNRS, de l'Inserm et d'Université de Paris, de l'AP-HP, ont élucidé les mécanismes impliqués dans l’anosmie liée à la Covid-19. L'étude a été conduite auprès de patients ayant la Covid-19 et complétée grâce à des analyses sur un modèle animal. Cette étude montre de façon inattendue que les tests classiques RT-qPCR pratiqués sur les écouvillonnages nasopharyngés peuvent se révéler négatifs alors même que le virus persiste au fond des cavités nasales, dans l'épithélium olfactif. Cette découverte montre qu'un diagnostic du SARS-CoV-2 par brossage nasal peut être envisagé pour compléter l'écouvillonnage nasopharyngé du test PCR chez les patients présentant une perte d'odorat.
Ce travail élucide également le mécanisme de la perte de l'odorat liée à la Covid-19 en révélant, de manière chronologique, différentes étapes :
- La disparition des cils portés par les neurones sensoriels, après l'infection virale. Or, ces mêmes cils permettent la réception des molécules odorantes par les neurones sensoriels ;
- La présence de virus dans les neurones sensoriels ;
- La désorganisation de l'épithélium olfactif (organe sensoriel) liée à l'apoptose (phénomène de mort cellulaire). L'épithélium est organisé en lamelles régulières qui se trouvent être déstructurées par l'infection au coronavirus ;
- L'invasion du virus dans le premier relai cérébral du système olfactif, le bulbe olfactif ;
- La présence d'une neuroinflammation et d'ARN viral dans plusieurs régions du cerveau.
Schéma représentant les différentes étapes qui surviennent au niveau de l’appareil sensoriel et qui concourent à l’anosmie liée à la Covid-19. © Unité Perception et Mémoire, Institut Pasteur
Inflammation persistante et virus durablement présent dans l’épithélium olfactif
Cette étude montre que la perte de l'odorat est aussi la conséquence d'une dégradation de l'organe sensoriel situé au fond des cavités nasales. « En effet, nous avons constaté que les neurones sensoriels sont infectés par le SARS-CoV-2, mais aussi le nerf olfactif et les centres nerveux olfactifs dans le cerveau », commente Pierre-Marie Lledo, chercheur CNRS, responsable de l'Unité Perception et mémoire (Institut Pasteur/CNRS) et coauteur responsable de l'étude....
Lire la suite de cet Article sur Futura-sciences.com - Covid-19 et anosmie : les mécanismes de la perte d'odorat sont enfin élucidés