«L'impuissance». Voilà le sentiment qui prédomine chez Véronique Denizot, procureur d'Annecy, quand on l'interroge sur la tuerie de Chevaline. Cinq ans après ce drame qui s'est noué dans une zone forestière de Haute-Savoie, la magistrate le dit sans détour: «Nous avons le sentiment de ne plus avancer dans cette enquête». Des vérifications et des auditions sont toujours en cours «mais aucun élément nouveau n'est apparu à ce jour». Comme son prédécesseur, Véronique Denizot, qui a pris la relève d'Éric Maillaud en septembre 2016, espère un coup de chance dans cette affaire «hors norme». «Il suffit d'un fil à tirer, d'une personne qui se mette à parler et cette énigme pourrait être résolue».
Le 5 septembre 2012, un Britannique découvre, au cours d'une promenade à vélo au bord du lac d'Annecy, une scène d'horreur. Il est 15h50. Une petite fille de 7 ans, blessée à la tête et à l'épaule, titube dans sa direction avant de s'écrouler au sol.Il s'agit de Zainab al-Hilli. À côté, gît le corps criblé de balles d'un cycliste, Sylvain Mollier, qui venait de le dépasser. Au volant d'une BMW noire, moteur encore tournant, il voit le père de la fillette: Saad al-Hilli, 50 ans, d'origine irakienne. Il a été tué d'une balle dans la tête. Sur la banquette arrière, son épouse, Iqbal, 47 ans, et sa belle-mère Suhaila al-Hallaf, 74 ans, ont subi le même sort. Très rapidement, le premier témoin de cette scène macabre part chercher du secours. Une fois sur place, les enquêteurs mettront plusieurs heures avant de découvrir qu'il restait une autre survivante: Zeena, 4 ans. La fillette s'était recroquevillée sous les jambes de sa mère.
Sur la scène du crime, la police scientifique relève notamment un ADN et des douilles. L'arme du crime n'est pas retrouvée mais des experts en balistique parviennent à déterminer qu'il s'agit d'un Luger P06, vieux modèle de pistolet automatique de fabrication suisse.
Le frère jaloux et le motard casqué
Très vite, les enquêteurs de la section de recherches de Chambéry envisagent la piste familiale. Saad al-Hilli, ingénieur chez un sous-traitant d'EADS, était en conflit avec son frère pour une histoire d'héritage. Le mobile serait simple: l'argent. Placé en garde à vue fin 2013, Zaid al-Hilli est finalement relâché, faute d'éléments. Pour autant, le procureur de l'époque, Éric Maillaud, estime en 2014 qu'il n'est toujours pas «disculpé».
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