Caisse de grève : les contestataires prêts pour la course de fonds

Politique

Depuis le 5 décembre, des donateurs alimentent les cagnottes des syndicats. Celle d’Info’com-CGT a récolté plus d’un million d’euros.

Tenir. C’est désormais le maître mot de ceux qui ont entamé, samedi 28 décembre, leur vingt-quatrième jour de mobilisation pour obtenir le retrait de la réforme des retraites. Ce week-end, malgré un taux de grévistes en baisse, le trafic n’est toujours pas revenu à la normale, que ce soit à la SNCF ou à la RATP. Alors que le gouvernement se défend de jouer le pourrissement, ceux qui ont cessé le travail doivent s’organiser, notamment financièrement. Car plus de trois semaines de grève coûtent cher et continuer la lutte avec un bulletin de salaire amputé ne relève pas de l’évidence quand il y a toujours un loyer à payer et une famille à nourrir.

Si les contestataires ont pu anticiper une partie du manque à gagner dans un conflit prévu de longue date, ils peuvent aussi désormais compter sur des donateurs qui alimentent, jour après jour, les caisses de grève initiées sur Internet par des syndicats. Un appel relayé, dans une tribune publiée le 22 décembre sur Mediapart, par une quarantaine de personnalités, parmi lesquelles l’écrivaine Annie Ernaux, le comédien Jean-Marie Bigard, ou encore le sociologue Jean-Marc Salmon, déjà à l’origine d’une caisse, en 2018, contre la réforme ferroviaire.

Depuis le début du mouvement, le 5 décembre, les cagnottes en ligne se sont multipliées. Un décompte non exhaustif en fait apparaître près d’une centaine, qu’elles soient régionales, locales ou par secteurs. Si le phénomène n’est pas nouveau – en 2018, celle de M. Salmon avait atteint 1,2 million d’euros –, il gagne en ampleur, avec le développement des réseaux sociaux. « Cela montre que les grévistes eux-mêmes se préparent à tenir, souligne Gabriel Rosenman, un ancien cheminot et militant de SUD-Rail, qui prépare une thèse sur « les caisses de grève de 1864 à nos jours » à l’ENS et à l’EHESS. C’est un signe de détermination très fort et une volonté de contrôler la grève. »

Si certaines cagnottes restent confidentielles, d’autres ont vu leurs compteurs grimper en flèche. C’est notamment le cas de celle mise en place par Solidaires-RATP, qui avait atteint, samedi 28 décembre, plus de 35 000 euros. Leurs collègues de SUD-Rail ont, eux, déjà collecté plus de 67 000 euros. Mais c’est la caisse organisée par le syndicat Info’com-CGT qui fait, pour l’heure, la course en tête. Ce dernier a annoncé, jeudi, avoir dépassé le million d’euros récoltés depuis le début du conflit. A cette date, plus de 15 000 personnes avaient fait un don, d’un montant moyen de 67 euros. Deux jours plus tôt, des représentants de cette structure cégétiste des salariés de l’information et de la communication avaient remis aux grévistes de la RATP un chèque de 250 000 euros. De quoi regonfler le moral des troupes et contribuer à poursuivre la mobilisation, non seulement par l’aide matérielle apportée, mais aussi par le soutien affiché des donateurs.


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