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Née dans les années 1990, cette technologie est destinée à garantir la sécurité des transactions. Elle intéresse à la fois les milieux financiers et les utopistes qui rêvent d’une société libérée des institutions.

Histoire d’une notion. Comment éviter le vol, l’altération, la destruction de documents prouvant l’exécution d’un paiement, d’un échange commercial, d’un transfert de propriété ? Si cette question est aussi vieille que la civilisation, c’est parce que sa résolution est indispensable au maintien de la confiance dans les rapports sociaux et économiques. Le sceau des rois, la monnaie émise par les banques centrales, l’enregistrement des actes notariés, les traites et les billets acceptés par les banques, les Bourses et les commerçants, mais aussi la poursuite des falsificateurs par la police et la justice, ont permis, dans l’histoire, de répondre à cette préoccupation. Chaque époque invente sa solution en ayant recours à la cryptologie, l’art de protéger l’accès aux données par des techniques (en principe) inviolables.

La réponse contemporaine serait-elle la blockchain? Au début des années 1990, deux cryptologues américains, Stuart Haber et Scott Stornetta, imaginent un système qu’ils jugent imparables : au lieu d’être détenu à un seul endroit par une entité unique (individu, institution, « tiers de confiance »), chaque codage de chaque document doit être diffusé à un maximum d’exemplaires. Si briser un code détenu à un endroit est faisable, argumentent-ils, accéder à tous les exemplaires diffusés est plus difficile. Pour renforcer la sécurité du système, chaque modification du document fait l’objet d’un codage supplémentaire, ajouté au code antérieur, et l’ensemble ainsi rallongé est daté et publié à nouveau.

Codes publiés dans le « New York Times »

Passant de la théorie à l’acte, les deux chercheurs commencent à publier les codes des documents qu’ils proposent de protéger par cette méthode dans… la rubrique « annonces et objets trouvés » du New York Times : chaque semaine apparaissent bientôt des « blocs » de chiffres aux enchaînements toujours plus longs. Incompréhensibles pour le commun des mortels, ils sont dupliqués à proportion du tirage du journal (600 000 exemplaires !), et datés du jour de parution. La « blockchain » (chaîne de blocs) est née.

En reliant des millions d’ordinateurs, le développement d’Internet offre rapidement une alternative à ce support papier. La copie simultanée, et en temps réel, d’un code et de ses ajouts à des millions d’exemplaires est censée offrir une protection parfaite aux contrats, aux actes et aux paiements. Mais, comme chaque détenteur d’ordinateur doit le mettre volontairement à la disposition du réseau en téléchargeant une application, Satoshi Nakamoto – on ne sait si le nom désigne une personne ou un groupe – propose en 2008 d’inciter les geeks à participer en les « payant » au moyen d’une monnaie électronique, le bitcoin. D’autres monnaies (l’ether, par exemple) sont créées par la suite sur le même principe.


Lire la suite : « Blockchain » : sécurité des données pour les uns, indépendance pour les autres


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