François Fillon a dénoncé, jeudi soir lors de l'Émission politique, un «scandale d'État» et accusé François Hollande d'organiser à la tête d'un «cabinet noir» les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires. «Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d'être mes amis puisque deux d'entre eux sont des journalistes du Canard enchaîné», a fait valoir François Fillon, qui fait référence à Bienvenue Place Beauvau, Police: les secrets inavouables d'un quinquennat écrit par Didier Hassoux, Christophe Labbé, et Olivia Recasens.
Dans leur livre-enquête, qui est paru jeudi 23 mars, les trois journalistes lèvent le voile sur la manière dont François Hollande a tenté d'utiliser le ministère de l'Intérieur et ses outils pour tenter de se faire réélire en 2017. Un objectif mis de côté, entre-temps, mais qui n'enraille pas la volonté du chef de l'État d'annihiler les chances de la droite à parvenir au second tour de l'élection présidentielle. «Derrière ces ennuis à répétition qui ciblent les principaux rivaux du président sortant, difficile de ne pas voir la patte de Hollande», écrivent ainsi les trois auteurs du livre, dont Valeurs actuelles publie cette semaine les bonnes feuilles.
S'ils expliquent ne pas pouvoir apporter la preuve formelle de l'existence de ce cabinet, les auteurs décrivent dans le livre une «addition d'indices troubles et de témoignages étonnants». «Plusieurs observateurs bien placés dans l'appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l'existence d'une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d'action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial».
«Difficile de ne pas voir la patte de Hollande»,
Selon Valeurs Actuelles, François Hollande aurait, depuis l'Elysée, coordonné une cellule pour, dans un premier temps, mettre hors-jeu l'ancien président, Nicolas Sarkozy. Cinq ans après sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a été visé, lui et son entourage, par treize affaires. «Depuis l'arrivée de Hollande au pouvoir, c'est comme si une malédiction judicaire s'était abattue sur son prédécesseur», ironisent ainsi les trois journalistes.
«Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable. Hollande a su en tirer profit. D'abord il y a Tracfin, le service de renseignement de Bercy, le ministère piloté durant tout le quinquennat par Michel Sapin, un ami de quarante ans du Président. La plupart des affaires judiciaires qui ont empoisonné Sarko et les siens ont trouvé leurs racines ici, dans cet immeuble ultra-sécurisé du 9e arrondissement de Paris, entièrement classé secret-défense. Là, cent vingt fonctionnaires sont habilités à fourrer leur nez dans les comptes en banque de n'importe qui», révèle encore le livre.